Le jeune homme arrêté dans la ville de Douala et transféré au Secrétariat d’Etat à la Défense y est détenu encore ce samedi 26 juillet 2024.
Le hashtag #LiberezJuniorNgombe ou #FreeJuniorNgome en anglais prend de l’ampleur sur X (Twitter). Déjà de nombreux tweets enregistrés sur ce réseau social pour réclamer la libération du jeune activiste d’une vingtaine d’années, arrêté le mercredi 24 juillet 2024 à Douala aux environs de 20h, avant d’être conduit le lendemain au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED) à Yaoundé.
«Une équipe de trois personnes est venue spécialement de Yaoundé, pour le capturer. Je me suis rapproché de cette équipe et rien ne filtre. « Nous on exécute les ordres. Nous sommes du SED ». Vous avez un mandat ? « Nous sommes du renseignement. Nous ne sommes pas dans vos choses » »,
relate Me Fabien Kengne qui a rencontré le jeune homme. Une opération donc qui aurait été instruite par la haute hiérarchie militaire.
« « Maître nous on ne fait pas la politique. Nous sommes en opération. Les ordres peuvent venir du plus haut. Nos supérieurs nous disent allez, on va » »,
selon l’avocat qui dit avoir reçu cette réaction de l’un des agents de l’opération. Une actualité abondamment dénoncée sur la toile avec en première ligne, des femmes. Pour Kah Walla, la situation de Junior Ngombe n’est pas isolée.
« Ils font cela depuis des années. Il est étonnant qu’un État kidnappe ses propres citoyens. Les gens sont emmenés par les forces armées de l’État :
– Sans charge
– Sans mandat
– Sans information sur leur localisation
Incroyable ! »,
décrie la femme politique qui est suivie par la techwoman Rebecca Enonchong pour laquelle Junior Ngombe est « un prisonnier d’opinion. Détenu parce qu’il a exprimé son opinion sur le régime camerounais. ».
Une autre activiste s’étonne de cette attaque à la démocratie « Je me pose la question de savoir si Yaoundé est devenu un camp de concentration », Mungo Jcbe dit être stupéfaite du non-respect des règles de droit, elle invite le peuple camerounais à la dénonciation. Cette dénonciation, l’artiste Kareyce Fotso l’a débutée sur sa page Facebook.
« Prière de ne pas achever votre fils, petit frère, petit-fils, arrière-petit-fils JUNIOR NGOMBE
Il a exprimé les cris d’un enfant en détresse. Il aurait pu choisir la mer ou le désert mais parce qu’il croit encore que c’est possible ici. Il a choisi de rester au CAMEROUN.
ON NE TAPE PAS SUR UN ENFANT QUI PLEURE LE MAL ÊTRE, ON LE SOIGNE»,
argue la chanteuse. Mais les interrogations se multiplient, voici celles de Kah Walla
« Que se passe-t-il ici? @mindefcm pourquoi ce jeune homme est-il au SED ? A quand la fin des kidnappings des camerounais par leur état ?
S’il y a eu infraction, RESPECTEZ LA LOI !
À savoir :
1. Le motif d’arrestation
2. Où est-il
3. La procédure en cours
STOP AUX ARRESTATIONS ILLÉGALES ! ».
dit la présidente de Stand Up Cameroon, qui réclame la libération du détenu aujourd’hui devenu célèbre.
Mais qui est Junior Ngombe ?
Junior Gombe est âgé d’une vingtaine d’années. Etant issu d’une famille modeste, il s’est lancé comme coiffeur, après son baccalauréat, indique Me Fabien Kengne. Ainsi a-t-il débuté des vidéos de dénonciations sur la situation précaire que vivent les jeunes camerounais, les invitant à s’inscrire sur les listes électorales. Sur son compte TikTok JunioNG32, le président de Jeunesse Débout pour le Changement (JDC) dénombre 9 809 followers.
Si dans ses premières publications il était essentiellement orienté sur les sujets de divertissement, il a par la suite entamé des vidéos plus engagées sur l’émigration, l’église en Afrique, le chômage des jeunes camerounais, la sensibilisation pour les inscriptions sur les listes électorales « Les vieux en haut ne font que voler les milliards», disait-il en juin 2023. Dans une vidéo montée qu’on dirait prémonitoire, on le voit encadré par des hommes en tenue. Le commentaire qui accompagne ce montage affirme entre autres « les camerounais ne peuvent plus se plaindre, tu te plains un peu on t’a déjà cherché. ». Sur TikTok, il appelle régulièrement les forces armées à « prendre leur destin en main ».
Il faut surtout noter que l’une de ses vidéos devenues virales est celle diffusée après l’arrestation au Gabon de l’activiste Steve Akam connu comme Ramon Cotta, qui a été extradé dans la ville de Yaoundé.
«Chers dirigeants camerounais, qu’est-ce qui ne va pas, c’est quoi le problème ? … ce sont les camerounais qui vous ont votés, ce sont les camerounais qui vous ont donné la charge de ce pays. Ils vous ont fait confiance mais pourquoi aujourd’hui lorsque les mêmes camerounais ne pensent pas comme vous, ils deviennent subitement des ennemis ?».,
s’interroge-t-il. Pour diverses voix féminines, l’administration camerounaise fait la traque des jeunes, une actualité qui suscite un tollé à moins d’une quinzaine de mois de la présidentielle.
Chantal Mveng