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DOUALA: DE NOMBREUSES FEMMES AUX ABOIS SUITE À LA DÉMOLITION DE LEUR COMPTOIR AU MARCHÉ DE LA GARE DE NEW BELL

La mairie de Douala 2 a envoyé plusieurs femmes au quartier ce jeudi 7 juillet 2022.

Leurs comptoirs ont  fait face à la fureur des gros engins ce matin. Cette scène se passe au marché de la gare de New Bell lieu dit ancien Regifercam.

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Il est 13h lorsque nous nous rendons sur les lieux. A distance depuis le marché des femmes situé non loin du lieu des casses, c’est la sirène du véhicule anti émeute qui signale un mouvement des populations. Sur les lieux, une centaine de membres de force de maintien de l’ordre. Certaines victimes récupèrent les restes de leur comptoir, tandis que d’autres, désemparées sont regroupées dans des petits coins de cet espace rasé, fuyant le chaud soleil. Il faut surtout faire attention, car ce lieu est réputé dangereux avec la présence de quelques malfrats. L’engin destructeur continue de détruire sous les cris des un et des autres. La police veille, personne n’ose manifester.

«Ils font le travail pour lequel ils sont là. C’est leur terre non. S’ils veulent reprendre leurs terres , on les laisse seulement. Mais avant de reprendre quelque chose à quelqu’un on l’avertit au moins. On vient hier nous demander de libérer aujourd’hui. La nuit porte conseil, on doit réfléchir la nuit pour voir comment on va faire»,

laisse entendre Georgette, une commerçante victime des casses.

Elle sont nombreuses ces femme qui se trouvent dans cette situation. Assise à l’angle d’un mur, Agnès se ronge les freins. Veuve, elle se soucie surtout de l’avenir de ses enfants.

«On ne sait même pas si on va nous recaser. Nous sommes délaissés à nous. On nous a demandé de payer 6 mois chacun, on paye et il viennent nous casser. Nous ne savons pas où on va partir. Voila la rentrée scolaire bientôt on va faire comment avec les enfants?», se demande Agnès Segnou.

Veuve  et mère de trois enfants, elle  avait un comptoir sur le lequel elle vendait de la kola depuis plus de 10 ans.

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Cet espace était reconnu pour la vente des produits agricoles et remèdes traditionnels. La plus part des comptoirs appartenaient aux femmes. Plusieurs d’entre elles ont été surprises par les casses.

«Je ne savais pas qu’on devait casser jusqu’à mon niveau parce que je suis loin derrière. Malheureusement, mon téléphone a sonné ce matin, et au bout du fil on me demande de venir retirer ma marchandise. Rendez-vous le chômage! Je ne me suis pas apprêtée en conséquence. Je suis perdue»,

se désole une jeune femme qui avait un comptoir des épices sur l’espace querellé.

La note de déguerpissement  est sortie depuis le 24 janvier 2021 et c’est le 30 mai de la même année que les commerçants avaient été informés.  Le sous-préfet les sommait de quitter les lieu dans les 24h qui suivaient ,  c’est a dire le 1er juin.

«Nous nous sommes soulevés en mars et sommes allés rencontrer madame le maire. Elle nous a demandé de nous calmer qu’elle va gérer la situation. Le lendemain, elle a nommé le comité de gestion qu’elle a installé ici. Le 15 décembre 2021, elle installe le comité de gestion et elle retient la corde. Elle  continue de prendre les décisions seule sans plus tenir compte de ce comité. Dernièrement, elle annonce qu’elle va nous déguerpir, et nous donne encore un mois, on lui demande pourquoi, elle dit que la décision est prise. Elle nous demande de nous faire enregistrer qu’elle va nous recaser. Ce qu’elle n’a pas fait. C’était juste pour nous endormir l’esprit»,

déplore Salomon Yap, un commerçant,

C’est hier 6 juillet que le secrétaire du comité de gestion leur demande de libérer l’espace car, il y aura démolition ce matin. Ils ont monté la garde pour riposter mais «on ne boude pas le gouvernement», nous lance Agnès  avant de continuer,

«J’ai dormi au marché  malgré cela on a toujours cassé. Ce qui nous surprend est qu’on payait les taxes. On a demandé de payer 6 mois on a payé croyant qu’on va nous laisser. On était surpris hier qu’on vienne nous demander de partir. Et ce matin ils ont cassé».

Ces commerçant s’attendaient à un recasement, malheureusement cela n’a pas été fait ou du moins n’est pas encore matérialisé.

«Nous n’allons pas perdre espoir, nous attendons toujours le recasement. Dans les rumeurs on entend que c’est un géant qui est entrain de prendre le site. Nous sommes tous des camerounais. Nous ne refusons pas que Mme le maire puisse assainir la ville, tout ce que nous demandons c’est juste un recasement»,

renchérit Salomon

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La menace de déguerpissement date de la période où Fritz Ntonè Ntonè était encore délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala. Les commerçants avaient pu résister avec l’aide de madame le Maire Denise Fampou.

« Je crois à son premier mandat, Ntonè Ntonè nous a menacés de déguerpir d’ici. Le maire nous a convoqués et nous demandés de nous joindre à elle, pour qu’on ne nous casse pas. Mais aujourd’hui c’est le contraire. Mme le maire a utilisé sa politique pour nous déguerpir»,

martèle Salomon Yap encore appelé grand-père dans le marché. Il fait partie des doyens de cet espace marchand occupé par des commerçants depuis la dissolution de  la Régie Nationale des Chemins de Fer du Cameroun,«REGIFERCAM», en 1999.

Notons que cet espace occupé par  des commerçants se trouve juste à l’entrée de la Regifercam. Il était  autrefois utiliser comme le parking de cette régie, apprend-t-on. De nombreuses femmes se débrouillaient à y gagner leur vie, afin de s’occuper de leur famille. Voilà qu’aujourd’hui elles seront pour bon nombre, sans activité. Elle prient les autorités de se pencher sur leur cas afin de leur trouver un lieu de recasement.

Rachèle KANOU

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