Anabelle Suh était présentée comme dépressive, elle a préféré mettre fin à ses jours.
Au quartier Bonamoussadi dans le cinquième arrondissement de Douala, Anabelle Suh, 40 ans, avait été conduite à la gendarmerie suite aux accusations de maltraitance sur ses trois neveux.
Les enfants étaient sujets aux tortures nocturnes et présentaient des traces de morsures, comme on peut le voir sur l’image.
Selon les témoignages du voisinage, presque quotidiennement à partir de minuit, on entendait les enfants pleurer, jusqu’au petit matin à 6 heures. Il était difficile de savoir ce qui se passait puisque les enfants ne sortaient presque jamais de la concession pour aller jouer avec les autres de leur âge.
Il y a quelques temps, Anabelle a voyagé, ses trois neveux sont sortis, c’est ainsi qu’on découvre les traces de morsures sur les enfants. Les voisins ont signalé à la gendarmerie et durant l’audition, les neveux ont déclaré que leur tante les mordait ainsi toutes les nuits et «suçait leur sang». Les gendarmes les ont renvoyés arguant que c’est une histoire de famille.
Ce que l’on sait de ces enfants, c’est que leur père pour leur éviter les affres des conflits que connaissent les zones anglophones les ont envoyés chez leur tante à Douala. Anabelle Suh était enseignante vacataire, elle livrait également des vivres au marché de Bonamoussadi. Le poids de sa détresse a été plus fort qu’elle.
Avant de mettre fin à ses jours en ingurgitant un raticide, elle a pris le soin d’emballer ses effets, ses proches disent qu’elle était dépressive.
La dépression fait des ravages
Il y a une dizaine de jours, une autre femme se donnait la mort au quartier Ndogpassi. Laeticia, 32 ans, était tenancière d’un bar-restaurant au quartier Bépanda à Douala, une autre histoire de détresse restée sans solution. Avant cet acte ultime, elle affichait une constante mine triste, étant sous le poids des dettes.
La dépression est un tueur silencieux qui se manifeste par le sentiment permanent de tristesse ou la perte d’intérêt avec des conséquences physiques et comportementales. Notamment, les troubles de sommeil, une concentration altérée, une faible estime de soi entre autres. La dépression peut être associée à des pensées suicidaires.
Les statistiques révèlent que les jeunes africains sont particulièrement exposés aux troubles mentaux, les systèmes de santé n’étant pas suffisamment équipés pour y faire face. D’ailleurs, l’Afrique est en tête des décès par suicide, comparé aux autres continents. 11 personnes sur 100 000 se donnent la mort chaque année dans la région africaine, un chiffre supérieur à la moyenne mondiale.
Les spécialistes de la santé mentale pensent que la dépression est une priorité négligée sur notre continent.
Chantal Mveng