L’éducation était au coeur des activités menées auprès des jeunes détenus pour leur donner de l’espoir et faire d’eux des acteurs de développement.
Il sont donc environ 75 mineurs logés dans le « quartier mineur« , selon l’information communiquée par dame Behang Marie, cheffe de l’action sociale à la prison centrale de Douala. Ces jeunes dont l’âge varie entre 13 et 17 ans ont été incarcérés pour divers mobiles, mais le vol est la raison dominante comme les reporters de notre rédaction ont pu le constater ce vendredi 14 juin 2024 à l’occasion de la cérémonie de clôture des activités liées à la 34ème journée de l’enfant africain. En effet, tous les sept adolescents avec lesquels nous nous sommes entretenus, disent être incarcérés pour vol. Certains affirment avoir été pris lors des braquages organisés, mais disent qu’ils n’en étaient pas les instigateurs.
Thierry incarcéré pour vol de fils de câblage a arrêté les cours au CE2
Thierry Ndjeielasou, 17 ans, est celui qui a reçu le prix du mineur le plus discipliné. Contrairement à plusieurs qui disent être incarcérés depuis deux mois, Thierry lui révèle être en prison depuis dix mois pour avoir volé des fils de câblage. À notre micro, l’adolescent promet de ne plus prendre la chose d’autrui à sa sortie de prison qu’il espère pour bientôt. Il révèle aussi avoir arrêté les cours en classe de CE2 faute moyen de la part de ses parents. L’histoire du jeune Thierry est aussi triste qu’intriguante et rappelle l’importance de l’éducation.
L’éducation, l’arme de la réinsertion
Les allocutions d’autorités et personnalités à l’occasion de la clôture des activités de la célébration de la journée de l’enfant africain étaient de nature à édifier et fortifier les mineurs de la prison. Maître Tchakounte Charlotte, avocate au barreau du Cameroun a fait comprendre aux mineurs qu’ils sont spéciaux malgré leur incarcération.
« Pendant que vous êtes en prison, l’Etat du Cameroun ne vous a pas oublié…Vous n’êtes pas en reste. Bien que vous soyez en prison, vous avez un traitement particulier … vous avez une loi spécifique parce que le mineur en Afrique a un régime spécial. On ne peut pas vous traiter comme on traite les grandes personnes. C’est pourquoi même en prison, vous avez un régime particulier, vous avez un cadre particulier »
déclare Me Tchakounte à l’adresse des jeunes détenus. L’avocate instruit également les mineurs sur l’adhésion du Cameroun à l’organisation de l’unité Africaine (OUA), devenue l’Union Africaine (UA), qui est l’instigatrice de la journée de l’enfant Africain, en souvenir de la lutte des élèves sud-africains qui protestaient contre l’introduction de l’afrikaans (langue germanique) comme langue officielle d’enseignement dans le système éducatif en 1976 pendant le régime de l’apartheid.
Ce qui fait que le Cameroun tient aux enfants et adolescents et les juge différemment des autres catégories de personnes, d’où l’existence d’un tribunal spécifique pour les mineurs. Tout pour faire comprendre à ces détenus qu’ils demeurent le fer de lance et doivent être des ambassadeurs de la paix.
« Quand le père de la nation dit que la jeunesse est le fer de lance, il ne parle pas en dehors de la jeunesse qui est en prison. C’est pour vous dire que la société continue de compter sur vous… La prison n’est pas le temple de la mort, il y a encore de l’espoir pour vous ».
Pour jouer leur rôle de fer de lance, l’éducation est incontournable. Le délégué départemental des Affaires sociales pour le Wouri, sieur Oscar Seumegni l’a fait savoir aux mineurs.
« On ne peut pas se développer sans vous. Si vous êtes une jeunesse délinquante, si vous êtes une jeunesse non éduquée, je ne sais pas comment on peut compter sur vous ».
Sur cette éducation, les responsables du centre cancéral mettent l’accent, sur les détenus mineurs ayant présenté des examens officiels, dont 3 pour le BEPC et 9 pour le probatoire de l’enseignement général. Des formations sont également offertes à chacun selon les aptitudes des mineurs selon le rapport du représentant du régisseur de la prison de New-bell.
L’importance de l’éducation semble avoir été saisie par les cibles, à en juger leurs différentes prestations, chants et sketchs relatifs à l’éducation avec des touches d’humour. C’est au regard de leur potentiel, du génie qui repose en eux que dame Alima Gaëlle, présidente de l’Association d’assistance à l’intégration des enfants défavorisés, pense qu’ils ont juste besoin d’un bon encadrement pour leur réinsertion.
« Ce sont des enfants formidables. Ils vous ont présenté des activités magnifiques … je dirais encore à ceux qui sont à l’extérieur de ne pas les marginaliser quand ils sortiront, mais de faciliter leur insertion sociale ».
C’est en partenariat avec l’association d’assistance à l’intégration des enfants défavorisés que cet événement s’est tenu au quartier mineur à la prison centrale de Douala du mercredi 12 juin au vendredi 14 juin 2024. C’était en droite ligne avec le thème de la journée de l’enfant africain « L’éducation en Afrique pour tous: l’heure est venue », Créee depuis 2011 à l’initiative d’Alima Gaëlle, l’association oeuvre pour la prévention, la sensibilisation et le suivi judiciaire des mineurs afin que leurs spécificités soient prises en compte.
Chanelle NDENGBE