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ETATS DES LIEUX DES DROITS DE LA FEMME AU CAMEROUN : LE TOUR DE LA QUESTION A ETE FAIT A L’INSTITUT FRANÇAIS DE DOUALA LE 8 MARS 2023

L’état des lieux des droits des femmes au Cameroun était à l’ordre du jour des échanges le mercredi 8 mars à la salle de spectacle de l’Institut français du Cameroun à Douala.

L’histoire nous enseigne que les martyrs, des ouvrières d’une usine de textile, tuées un 8 mars dans la moitié du 19e siècle par leurs patrons parce qu’elles grevaient pour leurs droits, est à l’origine de la journée internationale de la femme adoptée en 1977 par les Nations unies.

Si plusieurs femmes ne sont pas conscientes de la signification de cette journée, c’est-à-dire l’attachement dont elles doivent faire preuve pour ce qui est du respect de leurs droits constamment bafoués dans les sociétés humaines, d’autres par contre savent que cette journée est davantage l’occasion de mener des réflexions sur les problématiques qui leur sont liées. C’est cette pensée qui a réuni un bon nombre de personne à l’IFC. Autour d’un panel modéré par la journaliste Clarence Yongo et constitué des femmes leaders des associations féministes, la question des droits de la femme a été évoquée sous plusieurs angles.

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Evaluation  du respect des droits de la femme au Cameroun

En raison de la conception sociétale de la femme, souvent désignée par le « sexe faible », les femmes ont fait l’objet de la création des textes de lois en faveur du respect de leurs droits dans leurs milieux de vie.

Le Cameroun en l’occurrence, a ratifié en 1994 la Convention sur l’Elimination de toutes Formes de Violences faites à l’Egard des Femmes (CEDEF), avec une entrée  en vigueur en avril 2005. Quant à la question de  savoir si les initiatives de l’Etat camerounais pour remédier à ces violences sont satisfaisantes aujourd’hui, la réponse est mitigée en raison des différentes perceptions des panélistes qui animaient cet échange. Mais les chiffres évoqués par la présidente du réseau des féministes d’Afrique centrale Caroline Mveng pour ce qui est des violences féminines donnent un aperçu objectif de la situation, car ces mêmes chiffres sont révélés lors d’une enquête de l’Onu selon laquelle «55% des femmes de 15 à 50 ans ont été victimes de violence au moins une fois dans leur vie» et aussi s’appuyant sur des estimations «deux femmes au moins sont violentées toutes les 24 heures ».

Il faut donc dire que malgré les initiatives de l’Etat, les droits des femmes restent bafoués, parce qu’elles subissent agressions et/ou harcèlement sexuel, violences, discriminations en famille et dans le domaine du travail. Les leaders des associations féministes qui constituaient le panel de discussion révélaient être confrontées à protéger et accompagner les victimes de violences sexuelles régulièrement.

Dans le monde du travail, la violence féminine est encore une autre réalité. La juriste du panel d’échange, dame Esther Ngalle Mbonjo, présidente pour la région du Littoral de l’Association camerounaise des femmes juristes (ACFEJ) les manifestations des violences faites aux femmes dans leurs milieux de travail se caractérisent par l’inégalité entre personnel masculin et personnel féminin.

«Lorsque que le chargé de ressources humaines reçoit les CV des postulants, il retire d’abord ceux des femmes et mets de côté pour mieux les étudier, c’est déjà discriminatoire, c’est d’un. De deux, le recrutement est conditionné par le statut de maman ou sans enfant, des conditions qui relèvent du manque de confiance en la femme,  en ses capacités à se manager et revêtir plusieurs casquettes. Une fois qu’elle est recrutée elle subit encore d’autres formes de violences. Certaines boîtes attribuent aux femmes un salaire inférieur à celui des hommes peu importe la fonction, quand la femme se rend compte, c’est souvent un choc énorme. Enfin les femmes sont victimes de harcèlement et / ou agression sexuelle par leurs supérieurs hiérarchiques, ce qui constitue un véritable handicap à leurs carrières »,

révélait la juriste au public.

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Causes de la persistance des violences

Le non-respect des droits des femmes sont multiples et comme l’a souligné d’entrée de jeu dame Sike Bilé, promotrice de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF) les premières en tête sont nos traditions. Pour reprendre ses mots « nos us et coutumes sont les éléments qui favorisent le plus les violences faites aux femmes. Ce que j’ai vu que l’on fait aux femmes dans le grand nord au nom de ces coutumes est choquant ». La présidente de l’ACFEJ du Littoral confirme. En raison d’une étude sur les rites de veuvage qui l’a amenée à visiter plusieurs villages, elle fait des révélations choquantes. « Dans certains villages, des rites de veuvage sont presque des assassinats, car on va jusqu’à faire boire à la veuve l’eau qui a servi à laver le cadavre de son défunt mari ».

Un autre côté mis en exergue toujours par la famille, c’est la succession dont on prive la fille. Dans plusieurs communautés, alors qu’elle y a droit. « Il y a donc opposition entre le droit coutumier et le droit commun ce qui crée un frein à l’évolution des droits de la femme au Cameroun » ajoute la juriste.

Cependant, la femme aussi est à blâmer  parce qu’elle préfère parfois garder le silence et ne s’informe pas sur ses droits, du coup, quand la situation arrive, elle ne sait comment gérer et se laisse violenter.  L’autre problème toujours en rapport avec la femme est le manque de solidarité des femmes qui peuvent mieux militer pour l’éradication des violences faites à leurs consœurs, il s’agit des femmes politiques. La leader du réseau des féministes de l’Afrique centrale témoignait :

« Quand je suis allée voir les politiciennes pour leur exposer les propositions du réseau pour la protection des droits de l’homme, elles m’ont répondu qu’elles ne voulaient pas s’en mêler par crainte que l’on pense qu’elles ont cherché à être là pour défendre les droits des féministes ».

Les problèmes de la persistance de la violence des droits des femmes au Cameroun identifiés, quelles sont donc les voies de contournement?

Voies de sortie

Solidarité de la gent féminine, information de celle-ci, sensibilisation des chefs traditionnels, de la gent masculine et de l’Etat sont quelques solutions pour sortir la femme de cette situation.

Pour ce qui est de l’Etat en particulier il est important qu’il écoute la femme, qu’il prenne en compte les propositions qu’elles font à travers leurs associations, car elles sont fatiguées comme disait la présidente de l’ALVF « l’Etat doit écouter les femmes, parce que les femmes parlent et les femmes demandent ». Il faut donc inclure les victimes que sont les femmes dans la prise de décision en ce qui les concerne pour plus d’efficacité.

Enfin, ces dames proposent aussi la création de textes spécifiques qui pénalisent les violences sexuelles et sexistes et bien entendu que le code de la famille sorte enfin des tiroirs.  Ceci permettrait de faire réellement appliquer les lois et condamner les bourreaux.  Pour le reste, il est clair que la protection de la femme incombe à tous, l’homme son partenaire, loin de la persécuter a le devoir de la protéger et la respecter.

Chanelle NDENGBE

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2 Commentaires

  1. Billé Siké

    Je pense que la 2ème cause, cruciale aussi est le système capitaliste caché sous le néocolonialisme. Si les femmes sont pauvres aujourd’hui c’est la cherté de la vie. Cette situation qui ne permet pas à une militante d’un parti politique de postuler aux élections.

  2. I was wondering if you could write a little bit about the history of women’s rights in the Cameroun. I’m really interested in what has happened since the 8th of March, when two textile workers were killed in a factory in the middle of the 19th century because they refused to work for their employers because they wanted to protect their rights as women.

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