FÉMINICIDE À NKOTENG : UNE ADOLESCENTE TRANCHÉE PAR SON FRÈRE PAR ALLIANCE

C’est dans un bain de sang que le corps sans vie de Marie a été retrouvé dans le domicile familial, son bébé dans les bras, suscitant un tollé dans cette localité de la Haute Sanaga, région du Centre.

Le crime odieux s’ajoute aux féminicides enregistrés depuis le début de l’année par Griote. Cet énième cas se produit sous fond de tension familiale, la victime ayant péri entre les mains du fils de son beau-père qui aurait prémédité son acte selon les informations recueillies au cours de notre enquête.

Les investigations menées par la rédaction Griote ont permis d’établir que le drame s’est produit dans la nuit du samedi 16 mars. Selon ce que nous apprend le frère aîné de la victime, la dépouille a été retrouvée au domicile familial situé près du groupe 4 de l’école primaire de Nkoteng. Akamba Marie, 18 ans, maman d’un bébé de près de 10 mois, gisait dans un bain de sang au salon, son bébé heureusement en vie dormait sur l’un de ses bras. La découverte macabre en plus de choquer a suscité bien d’interrogations auxquelles les premières enquêtes de police vont probablement apporter des éléments de réponse.

Les enquêtes commencent aussitôt, les premiers interrogés sont les habitants de la maison. Ils sont généralement six à vivre sous ce toit. Le père de cette maison et son fils qu’il a eu avant de construire ce ménage, ce dernier est âgé de 21 ans, élève en classe de 1ere au Lycée technique de Nkoteng. La mère de la maison et ses deux filles, la première, la défunte qu’elle a eue avant d’arriver dans ce ménage et la deuxième, 11 ans fille qu’elle a eue avec son actuel compagnon. Le bébé de la défunte est le sixième habitant des lieux. Selon ce qu’apprend le frère aîné de la victime qui ne vit pas dans cette maison, cette famille est divisée en deux clans qui ne s’entendent et créent une atmosphère conflictuelle dans leur demeure. « Parce que le climat à la maison est tendu. Il y a deux camps : le camp de la maman et ses filles et le camp du monsieur et son fils. Les deux ne se parlent pas et ne mangent même pas la même nourriture.», informe le frère aîné de la défunte. Les évènements se sont passés en l’absence de la maman qui assistait à des obsèques dans la ville de Nanga Eboko. Elle n’a donc aucune idée de ce qui a pu arriver. Le meurtrier présumé est absent lors de la découverte macabre, mais le témoignage que livre sa sœur cadette va porter les soupçons sur lui et faire conclure qu’il est en fuite.

La fillette raconte qu’elle était au salon cette nuit du drame, elle dormait sur un matelas avec sa sœur aînée et le bébé de cette dernière. A un moment donné dans son sommeil, elle a été transportée du salon vers la chambre. « Une fois posée sur le lit, elle a ouvert les yeux et elle a vu son frère Donald, puis s’est rendormie. », rapporte notre source. Ce témoignage et ceux du voisinage font que Mevoungou Mevoungou Lambert Donald devient le premier suspect du meurtre de la fille de sa belle-mère. Il est retrouvé, confirme les soupçons en passant aux aveux, et dit avoir été aidé par deux amis. « Quand ils ont trouvé Marie qui dormait avec son bébé sur elle, ils ont soigneusement retiré le bébé, ont égorgé Marie, puis on remis le bébé sur son bras, c’est pourquoi le bébé était recouvert de sang», informe la source familiale. Le présumé assassin et ses complices sont actuellement détenus à la prison de Nanga Eboko. Il ont été interpellés en même temps que le chef de famille, mais celui-ci a été relâché à la grande surprise de plus d’un, car des témoignages l’impliqueraient aussi dans le meurtre de sa belle-fille. Une situation qui choque davantage le frère de la victime. «Ce qui me dépasse c’est la libération de son père. Je ne comprends pas comment le commissaire a pu le libérer pourtant, il y a le voisinage, une femme qui habite derrière la maison où ils ont perpétré l’assassinat, qui a vu son père (père de Donald) aux environs de 5h, 6h le jour de la découverte macabre.». Bien plus, le frère éploré ne croit pas qu’un élève de 21 ans, soit capable d’organiser un tel coup, s’il n’a pas bénéficié de la complicité de son père. « C’est son frère par alliance qui est son présumé assassin, mais il ne pouvait pas commettre ce crime sans que son père ne soit impliqué. Parce que je ne comprends pas comment un jeune garçon de 21 ans peut appeler ses amis aller égorger une jeune fille comme ça. ». Les menaces de mort du monsieur à l’égard de sa belle-fille devraient également être considérées par les enquêteurs selon la famille qui veut que toutes les personnes impliquées soient punies pour cet acte odieux.

Les enquêtes se poursuivent entre temps pour faire toute la lumière sur l’assassinat de l’adolescente. Sa fin tragique rallonge à 16, le nombre de femmes tuées au Cameroun en 62 jours depuis janvier 2024, selon le décompte de Griote. Le chiffre tire la sonnette d’alarme concernant l’insécurité grandissante particulièrement pour les femmes, même au sein des ménages.

Chanelle NDENGBE

 

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