Ils trouvent les repas qui sont servis infects, sans respect des règles d’hygiène et mesures barrières contre le coronavirus.

Dimanche 17 mai 2020, au service maternité de l’hôpital, deux jeunes hommes sont chargés de servir le repas aux personnes hospitalisées. Ils arborent tous les deux des blouses marron, mais pas de masque facial pour l’un et l’autre porte son masque sur le menton. A vue d’oeil, il est sale.

Ces jeunes hommes offrent une assiette contenant des fruits avec du pain complet et un gobelet de bouillie. Or celui qui est chargé de la répartition répète machinalement un geste, il trempe un gobelet dans un seau isolant, ramasse de la bouillie et reverse dans celui destiné au malade. Ils n’ont pas de gant. Quand quelqu’un leur en fait la remarque, l’un esquisse un sourire et l’autre fronce le visage.

Seau isolant pour bouillie et carton contenant du pain

A côté des mesures barrières au coronavirus foulées aux pieds et du manque d’hygiène, le goût de la nourriture laisse à désirer, selon les témoignages reçus. «Leur nourriture-là n’a pas de goût. L’autre jour, ils ont servi une sauce tomate ici qui était bizarre», nous dit une malade.

«Même le sanga n’est pas bon. Quand les gens ne parviennent pas à nourrir les malades à l’hôpital alors qu’on interdit les visites à cause du coronavirus, c’est pour qu’on fasse comment ?», interroge une autre dame.

Dans une autre salle, nous trouvons sous la table de service des repas, 4 plats, représentant les 4 occupantes de cet espace. Elles n’ont pas voulu manger le repas de la veille parce qu’en matière de goût il faudra revoir la copie, selon elles. « Vraiment leur repas sont parfois un genre, parfois dégueulasses. Depuis 5 jours que je suis ici, je ne mange pas leur nourriture. Le premier jour j’ai goûté, mais j’ai failli vomir.», déclare une jeune femme assise sur son lit.

A la question de savoir si une réclamation a été faite dans le sens de l’amélioration de la restauration de l’hôpital, elles nous ont répondu par la négative. Cependant, elles espèrent que les choses changent.

Or des mesures ont été prises pour barrer la route au coronavirus. Des seaux d’eau et du savon sont disposés à plusieurs endroits dans l’enceinte de l’hôpital, même si parfois certains garde-malades sont victimes d’escroquerie. Pour se laver les mains avant d’entrer, le vigile demande à une femme de payer la somme de 100fcfa. Lorsque la personne refuse, il lui dit en souriant que c’était une blague.

Des éléments et bien d’autres qu’il faudra régler pour lutter contre le coronavirus à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé, pourtant un centre qui reçoit des malades de la covid-19.

Chantal Mveng