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IMPACT DE LA CRISE ANGLOPHONE SUR L’EDUCATION : LE BILAN LOURD DE HUMAN RIGHTS WATCH

Entre mars 2017 et novembre 2021, 700 000 étudiants ont été privés de leur formation; 13 élèves et 5 enseignants tués, au moins 268 étudiants et professionnels de l’éducation enlevés par des séparatistes armés.

Ce bilan dévastateur révélé dans le récent rapport de Human right Watch met un accent sur l’impact de la crise anglophone sur la communauté éducative des régions anglophones du Cameroun. L’organisation non gouvernementale fait savoir que, des combattants séparatistes ont tué, kidnappé, agressé, menacé ou extorqué des centaines d’élèves et d’enseignants alors qu’ils étaient à l’école, sur le chemin de l’école ou à la maison.

Ce rapport d’au moins 130 pages,  nous renseigne que les combattants séparatistes ont commencé à ordonner et à imposer des boycotts scolaires, notamment en attaquant des dizaines d’écoles dans les régions anglophones. Interdisant aux élèves et enseignants de se rendre à l’école, ils ont commencé à prendre certains bâtiments de leurs établissements scolaires comme bases pour stocker des armes et des munitions ainsi que pour détenir et torturer des otages.

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La détérioration de la situation sécuritaire, les multiples intimidations et menaces des séparatistes ont semé la panique au sein de la communauté éducative et conduit à la fermeture d’écoles dans les régions anglophones, empêchant ainsi les élèves d’accéder à l’éducation.

Parfois, les opérations abusives ont également eu un impact direct sur l’éducation. Par exemple, le rapport révèle que les forces de sécurité ont brûlé au moins une école qui était utilisée comme base par des séparatistes armés. Par conséquent, alors qu’une sécurité renforcée devrait offrir une protection aux étudiants et aux enseignants, dans la pratique, de nombreux étudiants et enseignants craignent également les abus des forces de sécurité.

«Sept élèves ont été tués lors d’une attaque contre leur école à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, trois élèves et un enseignant ont été tués lors d’une attaque contre leur école à Ekondo-Titi, dans le Sud-Ouest, tandis que le onzième élève et les autres enseignants ont été tués alors qu’ils étaient chez eux ou sur le chemin de l’école. Human Rights Watch a également documenté la mort de deux écolières, causée respectivement par un gendarme et un policier tirant sur des véhicules qui ne s’arrêtaient pas aux points de contrôle.  L’enlèvement d’au moins 268 étudiants et professionnels de l’éducation par des séparatistes armés entre janvier 2017 et août 2021. Au cours de deux seuls incidents, l’un en 2018 et l’autre en 2019, les combattants ont enlevé respectivement 78 et 170 étudiants de leurs écoles à la région du Nord-Ouest. La plupart des victimes (255) étaient des étudiants, tandis que neuf étaient des enseignants et quatre étaient des directeurs. Les victimes ont déclaré que les combattants séparatistes les avaient ciblées parce qu’elles allaient à l’école ».

Dans ce rapport, human right watch n’affirme pas avoir recensé toutes ces attaques et  même pas la majorité, mais  indique avoir donné l’étendue du problème et réfute toute affirmation selon laquelle il s’agit des problèmes isolés. 

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HRW remet en question l’action du gouvernement sur les attaques des groupes armés contre les écoles

En signant la déclaration sur la sécurité dans les écoles en septembre 2018, le gouvernement camerounais a accepté de protéger l’éducation, en poursuivant en justice les auteurs d’attaques contre les élèves, les enseignants et les écoles. Mais pour les nombreuses attaques, Human Rights Watch dit n’avoir connaissance que de deux séries d’arrestations pour attaques contre des écoles depuis 2017.

obsèques officiels des 7 élèves tués à kumba le 24 octobre 2020

Recommandations de human rights watch au gouvernement camerounais

Les fermetures d’écoles en raison des ordres de boycott ou des attaques contre les écoles par des groupes armés séparatistes, le traumatisme de vivre ou d’être témoin d’une attaque, qui est exacerbée par le manque de services de soutien psychosocial, auront affecté la capacité d’apprentissage des élèves et amené plusieurs enseignants à abandonner leur métier et de nombreux enfants à fuir les bancs.

Après avoir décrit ce sombre tableau des attaques, l’organisation propose les solutions potentielles aux autorités camerounaises pour arrêter et lutter contre les attaques sur l’éducation.

« Le gouvernement du Cameroun, qui assume la responsabilité principale de garantir le droit à l’éducation, devrait rapidement donner accès à des formes alternatives d’éducation, notamment l’éducation communautaire, l’enseignement à distance, l’apprentissage par radio et des espaces d’apprentissage temporaires aux élèves qui ne sont pas scolarisés en raison de la crise,  y compris les étudiants ruraux et déplacés. Les responsables d’attaques devraient être arrêtés et poursuivis, et un programme de réparation accessible, comprenant des services de réadaptation physique et de soutien psychosocial, devrait être mis à la disposition des victimes et de leurs familles »

Human rights watch invite également les dirigeants des groupes armés séparatistes à annoncer la fin du boycott des écoles et à ordonner aux combattants de cesser toutes les attaques contre les étudiants, les enseignants et les écoles.

Rachèle KANOU

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