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INFLATION DES PRIX DES DENRÉES ALIMENTAIRES : LES MENAGÈRES CHERCHENT EN VAIN LES VOIES DE CONTOURNEMENT

À quelques jours de la fête de noël, les ménagères sont aux abois à cause de l’inflation des prix des denrées alimentaires qui va croissante.

Il n’y a pas un seul aliment sur le marché dont le prix n’a pas été revu à la hausse, ceci se vérifie sur les produits de grande consommation tels que le riz, la viande, le poisson, l’huile, la sardine, et bien d’autres.

Un handicap dans la préparation des fêtes de fin d’année pour les familles qui cherchent en vain les moyens pour contourner cette surenchère, le panier de la ménagère continue de maigrir.

Cap sur le marché Double-balle ce 19 décembre 2021 dans le 5ème arrondissement de la ville de Douala. Nous sommes à Bépanda, un quartier dont les habitants ont un revenu modeste. La débrouillardise fait partie du quotidien de plusieurs. Déjà difficile de se nourrir, elles font face à l’inflation.

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Nous rencontrons Elise devant un boucher, elle veut acheter de la viande de porc. 2700f, c’est le prix du kg. Surprise, elle demande au boucher pourquoi 200f de plus et à ce dernier de lui répondre

« tu n’as pas écouté à la radio que les porcs sont rares à cause de la peste des mois passés qui les a ravagés ? Si tu n’achètes pas  aujourd’hui sache que dans 2 jours le prix va monter à 3000f ».

Elise est coincée et se retourne vers le vendeur de la viande de bœuf. Ici, parait-il la situation est doublement compliquée, le kg revient à 3000f.

«les bœufs sont chers à cause de la crise anglophone et même le boko haram. Les bergers ont fui leur village abandonnant  leurs bétails  qui ont même été tués par la suite. Il faut avoir des relations pour avoir un bœuf »,

lance le vendeur de la chair de bœuf.

Difficile de contourner, Elise retourne à son premier choix et se fait servir malgré elle.

«On va faire comment, est ce que les enfants comprennent ça? Le mari aussi, tu lui demandes d’augmenter la ration de la fête, il te demande si son salaire a augmenté. Tout ce qu’on a à faire c’est de diminuer les quantités»,

indique la dame.

Dans son sac, elle a déjà quelques petits paquets, dont le riz, la tomate, du poisson et d’autres aliments emballés dans les sachets en plastique de couleur noire. Elle fait son marché une semaine avant pour éviter les embouteillages de la dernière minute, nous dit-elle.

Le poulet pourrait être absent dans les plats de Noël

Les prix sont repartis à la hausse au quatrième trimestre de cette année 2021. Les poulets de 45 jours sont désormais vendus à 4000FCFA, alors qu’il y a peu ils coûtaient 2800 FCFA et tout au plus 3200 FCFA. Une augmentation qui intervient à une période de grande consommation au Cameroun. Cette situation résulte d’une nouvelle crise observée au sein de la filière, consécutive à une pénurie des poussins d’un jour chez la société Agrocam, l’un des plus grands fournisseurs du marché, avons-nous appris d’un aviculteur basé à L’Ouest.

La grippe aviaire déclarée en Belgique, l’un des pays fournisseurs de poussins a occasionné la nouvelle flambée avec des marges allant jusqu’à 43%. L’inflation au sein de la filière avicole connaît une évolution en dents de scie cette année, au troisième trimestre par contre les prix étaient abordables sur le marché.

«Un poussin coûte 2500f et l’alimentation alors, on n’en trouve même pas. Le plus petit poulet coûte 3200f, et ce n’est pas à discuter. On vend à perte pour ne pas abandonner et perdre la main»,

nous renseigne Angèle, vendeuse au marché double-balle.

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Le riz coûte excessivement cher depuis quelques mois

Depuis bientôt 3 ans que le prix du riz va croissant. La crise anglophone suivie de la fermeture des frontières avec la pandémie du coronavirus a grandement participé à cette inflation.

Nicole, distributrice de petit gros du riz importé au marché Mboppi à Douala affirme que  le prix actuel du sac de 50kg est largement supérieur à celui du début de l’année 2020. Le sac de 50kg de riz est passé de 16 500f à 20.000 Fcfa puis 22.000 Fcfa et maintenant 24 000f.

« C’est selon la qualité. Le riz bijoux par exemple coûte 24 000f. le gouvernement nous parle des prix homologués, or lorsque tu te rends chez l’importateur, il te livre plus cher et t’oblige à signer le reçu au prix homologué. Tu refuses tu laisses. Ils disent ne pas avoir des moyens d’accompagnement de l’Etat qui leur exige cela»,

nous révèle la commerçante.

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Un litre d’huile de palme coûte 1000f depuis plusieurs semaines. Sa rareté reste la cause. Les palmiers n’ont pas assez produit, l’usine socapalm produit peu et les clients sont sélectionnés. La plupart des commerçants ont migré vers la production locale, qui ne vient pas en grande quantité. Le bidon de 20 litres qui coûtait au plus 12 000f il y a quelques mois, vaut désormais 17 000f voire plus.

«C’est vraiment difficile on n’en trouve même pas. Il y a certains collègues avertis qui ont stocké l’huile quand le prix était encore normal. Il y a même l’autre dans ce marché qui vend le litre à 600f, or moi je ne peux pas parce que je tournerai à perte. Nous partons en brousse avec les bidons et nous revenons avec les mêmes vides»,

affirme Bernard, commerçant. Selon lui en cette période de l’année, le prix de l’huile de palme et du raffiné appelé « vrac » subit toujours une inflation.  il faut dire que cette huile toujours produite par la socapalm, coûte 1900f le litre et demi, au lieu de 1500f.

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L’huile végétale importée vaut de l’or sur le marché

Le litre est passé de 1150f  à 1400f; le bidon de 5 litres est désormais à 7000f au lieu de 5600f.

«Avant on se rabattait sur le vrac, ou bien l’huile rouge.  Qu’est ce qu’on fait? tous les jours, on dit que les prix sont homologués, non mais, ce gouvernement nous prend pour des cons. J’ai suivi le ministre dire à la radio qu’il n’y avait pas de pénurie et que les prix n’ont pas changé, mais tu arrives au marché c’est tout autre chose»,

déplore Flore Sangué.

La réaction de cette dame ne nous surprend pas. Le 24 novembre 2021 lors d’un point de presse donné à Yaoundé, Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du commerce rassurait, qu’il n’y aura pas de pénurie et que les prix des denrées alimentaires restaient inchangés. Soient les prix homologués en 2020. Mais sur le terrain les populations font face à une surenchère sans précèdent. Ces prix n’ont pas souvent été respectés sur le marché, pire encore, ils sont revus à la hausse.

Rachèle KANOU

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