Plus que régulières ces jours à Douala et dans plusieurs villes du pays, les coupures d’électricité noircissent le quotidien des citoyens et particulièrement celui des coiffeuses.
A la cherté de la vie, vient s’ajouter les coupures de courant qui affectent les activités génératrices de revenus de plusieurs. Les professionnelles de la beauté, notamment les coiffeuses et esthéticiennes font partie de cette catégorie dont le travail est dépendant de l’énergie électrique. Nous sommes allés à la rencontre de quelques-unes qui racontent leur calvaire depuis plusieurs semaines au Cameroun.
Privées d’électricité, privée de clientes
Nous nous sommes rendus ce samedi 17 février 2024 au quartier Akwa-Nord où l’énergie électrique est « devenue l’or », selon l’expression de certains riverains. C’est ainsi que le gain des coiffeuses de la localité est menacé. « Franchement on ne s’en sort pas vraiment puisqu’avec les coupures d’électricité, on arrive à faire deux semaines sans travailler. », apprend Christelle. Si Eneo ne coupe pas l’électricité successivement pendant deux semaines, les jeux de lumières au cours d’une journée ou en semaine ne sont pas favorables aux coiffeuses. « Aujourd’hui on arrive plus à gagner de l’argent comme quand Eneo ne dérangeait pas, parfois la lumière vient ça ne fait même pas trente minutes, on est encore sur une cliente et elle part sans être satisfaite. Parfois c’est toute une journée, on est obligé de fermer à 18h. Il y a des journées comme ça ou c’est RAS (Rien à signaler), ça veut dire qu’on ne travaille pas, parfois c’est une semaine… vraiment on ne s’en sort pas. », explique Christelle. Dans certains salons, quand bien même la coiffure peut se faire manuellement et se passer de l’électricité c’est la chaleur insupportable qui chasse les clients. « On peut passer toute une journée, il n’y a pas d’électricité, parfois les clientes viennent, mais tellement elles ont chaud, vraiment c’est compliqué … », se plaint Dikana.
Les dommages sur matériel de travail, le loyer les autres coups de marteau
Les jeux de lumières en l’espace de quelques minutes endommagent le matériel tel les séchoirs, lisseurs, chauffe-eau, casque, et même les autres matériaux comme ventilateurs, climatiseurs. « C’est comme ça que les appareils se gâtent, vraiment le Cameroun ! », s’eclame Dikana. Quand les coiffeuses subissent toutes ces frustrations, elles n’échappent pas à celles du loyer à la fin du mois. Avec tous les coups de l’absence de l’électricité, le paiement du loyer devient extrêmement difficile, mais elles sont obligées de le payer quitte à s’endetter. « Quand la fin du mois arrive, on doit payer le loyer, car le bailleur ne comprend pas que Enéo a fait comme ça. ». Face à cette situation désastreuse, se passer de l’électricité ne semble pas possible pour les coiffeuses faute de moyens financiers.
Cette situation de coupures de courant et dommages sur les outils de travail contraint dame Justine, 28 ans dans le métier, à fermer en cas de coupure. « Moi je ferme seulement, je ne peux rien, je n’ai pas d’argent pour acheter un groupe électrogène. C’est d’abord difficile quand je travaille normalement combien de fois maintenant avec les coupures d’Enéo ? », se lamente la coiffeuse.
Ainsi plusieurs coiffeuse sont l’ombre d’elles même depuis les coupures d’énergie électrique. Avec la cherté de la vie qui s’est précisée le 3 février dernier via l’augmentation du prix du carburant de 15%, les travailleurs sont dans la désolation et le gouvernement semble jouer l’oreille sourde car la situation dure depuis plusieurs mois.
Chanelle NDENGBE