Elles ne faisaient pas partie des marcheurs, mais elles ont reçu une dose de gaz lacrymogène étant à la maison.
Les victimes de la marche n’ont pas été seulement les manifestants mais aussi des commerçantes qui vaquaient sereinement à leurs occupations et des familles qui se sont cloîtrées à la maison par peur de violence.
Les habitants des quartiers, Cité Cicam et BP cité n’ont pas eu besoin de sortir pour faire face à la riposte policière, contre les marcheurs du 22 septembre. Pourchassant les manifestants, les gaz lacrymogènes ont été lancés dans les rues de ces quartiers.
Pendant plusieurs heures, le carrefour ange Raphael et ses environs ne laissaient s’échapper qu’une odeur toxique et étouffante. Des sirènes d’alerte à n’en point finir, des blindés, des camions et pick-up de la police, des hommes en tenue cagoulés ont créé la panique dans les familles.
«Les enfants ont peur. J’habite au 3ème étage d’un immeuble, mon fils a reçu des jets d’eau et jusqu’à présent il est entrain de tousser à cause du gaz lacrymogène. Ce n’est pas normal. Un enfant de 9 ans et son ami d’à côté qui a 5 ans se retrouvent entrain de boucher le nez pour se protéger contre les gaz.», dénonce Ives Malongo, témoin de la scène.
Sur la route principale de la Cité Cicam, partant de la Mobil Guinness jusqu’à fin barrière ESSEC, les populations ont vécu une situation peu commune ce jour. Les femmes ont retenu leurs enfants dans les maisons, car les hommes en tenue pénétraient les ruelles du quartier. «C’est comme si on est en guerre. On a tous peur de comment ça va se terminer aujourd’hui», nous lance une femme à travers sa fenêtre.
Les populations décrient cette situation. Selon elles, cette marche aurait pu se dérouler sans trop de bruits. «Les forces de l’ordre sont là pour encadrer et éviter les débordements sociaux. Par contre on se rend compte de la provocation de ces gens. Ça fait peur, pourtant ce n’est que la marche, on a l’impression de vivre une guerre. On a échappé au pire du côté de la BP cité, où les populations ont lancé des projectiles sur les voitures des policiers parce qu’ils ont blessé deux personnes qui observaient la scène dans la rue. Il a fallu un véhiculé à jet d’eau pour disperser la population», argue Ives Molongo.
La marche de ce 22 septembre 2020 a laissé ses traces à Douala. Les familles ont retrouvé le calme en fin d’après-midi, espérant que la journée de demain sera différente.
Rachèle KANOU