La capitale politique du Cameroun abrite de nouveau un homicide sur une femme, la victime est une enseignante, femme politique et épouse d’un politicien, tous deux membres du MRC, parti d’opposition.
Suzane Zamboue, enseignante et militante du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) présidé par le Pr Maurice Kamto, également épouse d’un cadre de ce même parti, sieur Pascal Zamboué, a été retrouvée morte dans son domicile à Yaoundé dans la nuit du mercredi 6 septembre 2023. Un nouveau drame qui suscite autant d’indignations que de suspicions.
L’annonce du meurtre de dame Zamboue est rendue officielle par le service de communication du MRC, qui a publié un communiqué dans lequel le crime commis est décrit comme « une cruauté animale ». Si le communiqué du parti politique de la victime n’a pas donné assez de détails sur la découverte macabre, les proches rapportent que la sexagénaire a été retrouvée « les pieds ligotés, égorgée et baignant dans une mare de sang », selon la description du lanceur d’alerte Paul Chouta. C’était précisément au lieu-dit montée Jouvence située dans le 6e arrondissement de la ville. Les bourreaux s’en seraient pris à la victime dans son salon, l’une de ses filles se trouvant dans la chambre n’aurait entendu aucun bruit d’alerte.
Des militants du MRC soupçonnent des mobiles politiques derrière l’assassinat odieux de dame Zamboue. Selon ces opposants, il s’agirait d’un règlement de compte à leur collaborateur et époux de la victime, Pascal Zamboué, coordinateur national du MRC. « Comme pour lui faire payer son engagement politique, mercredi soir des inconnus ont fait irruption dans leur domicile et ont froidement assassiné son épouse… », argue Me Emmanuel Simh, cadre du MRC.
Pour rappel, sieur Zamboué est écroué à la prison centrale de Kondengui à la suite de la marche organisée par le MRC en septembre 2020 pour dénoncer la crise anglophone et revendiquer un code électoral consensuel. Il avait été arrêté dans la ville de Douala, puis condamné à sept (07) ans de prison pour des accusations relatives au trouble à l’ordre constitutionnel. Une suspicion qui ne fait pas l’unanimité, mais l’enquête en cours voudrait déterminer les réelles circonstances de l’assassinat de la militante du MRC. Sieur Zamboué avait vu son épouse environ 24h avant le meurtre. De retour de France, elle lui aurait rendu visite à la prison centrale de Yaoundé le mardi 5 septembre 2023. Les époux étaient loin de s’imaginer qu’ils se voyaient pour la dernière fois.
A date, notre rédaction enregistre quarante-huit (48) féminicides en l’espace de 193 jours de quoi alerter les autorités compétentes. La ville de Yaoundé est réputée maillot jaune des homicides sur les femmes, le meurtre de Suzanne Zamboué succède à plusieurs autres dont celui de la comptable Mbiada Tchuissi Patricia au petit matin du 22 août et dont des suspects avaient par la suite été interpellés, mais hors de la capitale politique, le meurtre de l’enseignante suit ceux de deux autres femmes ayant eu lieu en ce début de semaine dernière au Sud-Ouest dans le cadre de la crise anglophone.
Chanelle NDENGBE