La tomate n’est plus à la portée de bourse de toutes les femmes.
Les repas qui nécessitent ce légume sont désormais hors du menu dans certaines familles.
Pourtant, Il y a moins d’un mois, la tomate se consommait à volonté. Les femmes n’avaient plus besoin de se rendre dans les marché pour s’en approvisionner. Ce produit maraîcher se vendait même à la sauvette dans les quartiers et à un prix très bas. Avec 1500f l’on pouvait s’offrir un cageot de tomates. Aujourd’hui, on retrouve cette même quantité à plus de 7000 fcfa soit une augmentation de plus 5500 fcfa. Les cageots de tomates qui se vendaient à 5000 f coûtent désormais entre 13 000fcfa et 14000 fcfa.
«Consommer la tomate devient un luxe. Mais je ne vais pas adhérer. La tomate peut soigner quelle maladie ? Je prépare sans tomate c’est quand même trop, 4 tomates à 500f. Quand le prix va baisser, je vais l’ajouter dans mes repas, mais pour le moment, elle reste en standby», nous confie Carole, femme au foyer.
Retirer du menu les soupes ou repas qui demandent de la tomate, même les tenancières de tourne-dos subissent la surenchère de ce légume. «Je ne fais plus la sauce tomate. Celui qui veut manger, je le sers avec la sauce d’arachide. Quand c’était versé sur le marché, mes clients se sont régalés, donc il faut qu’ils supportent ma sauce d’arachide de tous les jours en attendant la manne qui va encore tomber du ciel», martèle Ma’a Chant, tenancière d’un tourne-dos au carrefour du lycée à Bonamoussadi.
Ce panier coûte 3000fcfa
RARETE DE LA TOMATE SUR LE MARCHE
«Pendant la période d’abondance, on n’avait pas moins de 60 voitures- cargos de tomates par jour dans notre camp puisqu’il y a d’autres camps dans le marché, mais depuis quelques semaines c’est à peine, 10 voitures qui garent ici», nous dit Njoya, commerçant au marché Sandaga.
Le prix, brusquement élevé de la tomate n’est pas causé par l’ouverture des frontières, nous rassure Abel Njoya. Ce dernier fait savoir que cela est dû à l’abandon des champs par les cultivateurs dépourvus de moyens financiers. Jusqu’à présent, les tomates sortent rarement du pays.
«Il y a les guinéens qui viennent juste une fois par semaine pour se ravitailler et également les femmes du Sud-Ouest qui acheminent au Nigéria.», informe-t-il.
Le retour au prix normal de la tomate qui varie généralement entre 6000 et 8000 fcfa, ne se fera pas de sitôt selon les cultivateurs et vendeurs de ce produit maraîcher. A cause de la covid-19 et la fermeture des frontières, des cultivateurs dans l’impossibilité d’écouler leurs produits à l’extérieur comme de coutume, ont enregistré de nombreuses pertes financières, certains ont abandonné cette activité et d’autres se sont endettés, auprès des banques.
Tas de 1000fcfa
PÉRIODE DE VACHE GRASSE POUR DES CULTIVATEURS AGUERRIS
Apres plus de 5 mois de misère pour des cultivateurs de tomates, ceux qui ont pu résister à la crise, se frottent les mains.
On dirait le retour de l’ascendeur. Au mois de juin dernier Griote titrait dans l’un de ses articles sur le panier de la ménagère, «les ménagères jubilent, les cultivateurs déchantent», pour montrer la joie des femmes à la suite de la baisse criarde du prix de la tomate sur le marché et de l’autre côté les plaintes des cultivateurs.
Les pertes ont été énormes et se chiffrent à des millions de francs CFA pour certains. On a appris pendant cette période d’abondance que certains cultivateurs se sont donnés la mort, et d’autres ont signé des bons de reconnaissance de dette, pour échapper à la prison suite au non remboursement des crédits bancaires.
Ainsi, dépourvus de moyens financiers, de nombreux cultivateurs ont abandonné cette activité.
Rachèle KANOU