Les nutritionnistes affirment que tout dépend de la fréquence et de la quantité de beignet-haricot-bouillie que l’on consomme.
Depuis quelques jours, la toile camerounaise bouillonne sur une polémique autour de la toxicité des beignets-haricots-bouillie (BHB). Notre légendaire BHB inspire des chroniques, il serait le repas le plus toxique d’Afrique, selon Paulin Nzobeuh, biologiste thérapeute. Il déclare
« le beignet est fabriqué à partir de la farine de blé, on rajoute le sel et du sucre. Ces trois constituants sont raffinés. On leur a enlevé la plupart de leur nutriment ».
Connu par tous les camerounais comme petit déjeuner, repas du soir, le BHB fait l’unanimité. Dans des beignetariats, les activités vont bon train. Les populations continuent de se régaler de leur BHB. Certains sont au courant de cette alerte lancée par un biologiste et d’autres pas du tout. Rien de plus satisfaisant et même appétissant que le petit déjeuner au beignet-haricot- bouillie.
«Depuis toute petite, je déjeune avec le BHB peut être pas tous les jours mais la plupart du temps. Pour moi c’est nourrissant, c’est moins cher. Avec 150f tu peux tenir jusqu’à midi. Et lorsque les enfants prennent ça le matin il n’attendent plus que le repas de midi. Moi ça ne m’a jamais dérangée, encore moins les enfants»,
soutient Sandra. Nous l’avons rencontrée dans un beignetariat au quartier Bépanda dans le 5ème arrondissement de la ville de Douala. Elle savourait son plat de BHB.
Le seul bemol pour certains avec la consommation de ce repas se trouve au niveau de la bouillie. L’hygiène autour de la préparation de ces aliments.
«Je mange mes beignets haricots sans problème. D’ailleurs s’il n’y pas le réchauffé le matin, c’est le seul qui nous sauve, on n’a pas d’argent. La seule chose qui me fait souvent peur, c’est la bouillie qu’on trempe pendant des jours, les plats dans lesquels on sert souvent les clients puisqu’ils sont souvent rincés à maintes reprises avec de l’eau sale. Mais c’est comme si notre organisme est habitué à la saleté. Du coup votre toxicité là c’est pour vous»,
avis de Jeanne.
Le biochimiste Alex Sing pose la question de savoir quelle toxicité a été observée par Polain Nzobeuh, à quel indice, et quelles analyses le prouvent. Difficile pour nous de répondre à ces questions. Il explique donc que « le BHB est le plat le plus complet pour les pauvres et tout dépend de comment se fait la cuisson.« .
La toxicité pourra venir de la fréquence de consommation
Pour la nutritionniste et diététicienne Elise Tankeu, le peuple doit continuer à consommer son BHB sans aucun risque car tout dépend de la fréquence de consommation. Elle fait savoir que le trio beignet-haricot-bouillie ne saurait être aussi toxique pour alarmer les gens. La toxicité n’est que question de dose et de l’organisme qui consomme cela, de l’état physiologique. Elle prend l’exemple d’un malade qu’on vient d’opérer et pour lequel se nourrir du beignet-haricot-bouillie est déconseillé, en face d’une personne du troisième âge qui devrait en consommer, car son organisme a besoin des aliments semi-solides.
«Il n’y aura de poison que de dose parce que d’un, le beignet haricot ne représente parfois que le petit déjeuner, ou bien chez d’autres le soir surtout quand il fait froid, pour se réchauffer. On va le consommer et le considérer comme un repas et il n’a pas été le seul repas de la journée. Ça veut dire que, même si on n’a pas eu assez de fruit et légumes parce qu’on a mis très peu de tomates, très peu d’oignon dans le haricot, on a l’occasion de se rattraper dans les prochains repas pour pouvoir équilibrer les choses et neutraliser le degré d’acidité qu’on pourrait avoir et qui représente une certaine toxicité au niveau de l’organisme»,
explique la nutritionniste.
Notre schéma alimentaire devrait avoir au moins 50% d’éléments énergétiques, le beignet haricot va respecter cela. Il devrait avoir maximum 15% d’aliments protéiques, nous auront cela dans le haricot et surtout les protéines végétales qui sont bien pour la santé et qui n’apportent pas le mauvais cholestérol et dont les fibres alimentaires sont importantes pour la digestion. Pour la nutritionniste, Ce qu’on peut reprocher à la bouillie c’est le rajout du sucre au sucre. La quantité de sucre complexe qui vient parfois s’ajouter au sucre simple qui pourrait produire des surcharges de l’organisme. C’est à ce moment qu’on pourra parler d’une certaine toxicité et même seulement si la fréquence est régulière.
«A partir du moment où c’est de façon sporadique que j’en consomme, il n’y aura pas de problème. Donc tout ce peuple peut continuer à consommer de temps en temps son beignet haricot bouillie et veiller à ce que les bains d’huile soient changés régulièrement. Ou encore pour mieux contrôler, faire soi-même son beignet et enrichir souvent les bouillies avec des légumineuses, des sésames par exemple, les arachides et autres , mettre le citron et même le thym et ne pas utiliser trop de sucre blanc parce qu’il est aussi addict que la cocaïne donc pas très bon pour notre santé. Croquer de temps en temps des aubergines, des carottes, des fruits lorsque vous avez consommé vos BHB».
Au delà de tout débat, le BHB continue d’alimenter la convivialité africaine.
Rachèle KANOU
