La période préélectorale est marquée par des évènements qui exaspèrent le peuple camerounais, les femmes en l’occurrence qui voudraient manifester leur ras le bol aux urnes.
A un an des élections présidentielles, les mobilisations à l’inscription sur les listes électorales sont à la mode au Cameroun. Le changement des conditions de vie est le mobile le plus populaire au sortir des échanges que Griote a tenus avec des citoyennes, qui expriment leur faim d’un nouveau chapitre.
Parce qu’on n’arrive plus à se soigner et à se faire plaisir …
Pour Vera, 37 ans, gérante d’un point de vente à Akwa, les conditions de vie au Cameroun vont de mal en pis. Le panier de la ménagère n’en finit pas de prendre des coûts. « Tout est devenu cher au marché au point où n’on arrive plus à nous faire plaisir avec ce que l’on a », explique la gérante. «Aujourd’hui par exemple, pour préparer le Eru dans une famille de cinq ou six personnes, il faut avoir un costaud budget », illustre-t-elle. Au niveau sanitaire, le constat de Vera est également choquant. Parce que les citoyens n’ont même plus les moyens de se soigner ils sont abandonnés à eux-mêmes sans la moindre empathie de l’Etat. « Dans les hôpitaux, je parle bien des structures sanitaires publiques, vous voyez des femmes qui sont abandonnées à elles-mêmes. Tu arrives à l’hôpital dans un état grave, on te taxe d’abord l’argent, pas de pitié pour ton état qui s’empire, tu perds le sang devant eux, mais rien, pas de pitié dans tout un hôpital public, non ça doit changer !», s’indigne Vera qui prend la résolution de participer à ce changement en votant l’année prochaine à l’élection présidentielle.
Pour lutter contre le chômage et la difficulté d’accès à l’eau et à l’électricité
Salomi 41 ans, est une infographe tourmentée par les coupures intempestives d’électricité au centre-ville où elle exerce. Les coupures d’eau coutumières dans son quartier à PK14, et le chômage qui touche une grande partie de sa famille contribuent à faire son malaise. « Mes jeunes frères et sœurs diplômés cherchent le travail comme la torche, quand toi tu trouves même une activité, Enéo te mets les bâtons dans les roues. Que dire de l’eau que tu vois trois fois par semaines, mais tu dois payer la facture chaque fin du mois ? Tout est pénible au Cameroun ! », déplore l’infographe.
Pour la liberté des pauvres !
Naomi, 40 ans secrétaire bureautique à Bessengue, dans la ville de Douala pense que le Cameroun étouffe et a urgemment besoin d’un nouveau souffle. « C’est comme si on avait hypothéqué nos vies. Des générations passent toujours les mêmes dirigeants et nous les pauvres, on a toujours les mêmes problèmes, en partant, ils partiront sûrement avec tous ces problèmes», affirme Naomi.
Ces problèmes qui sont insupportables pour les personnes de classe modeste, comme c’est le cas avec la récente escalade du prix de 15 500 FCFA annoncé pour l’établissement de la carte nationale d’identité que la secrétaire bureautique trouve vraiment abusé. « Alors qu’il y a des gens qui ont du mal à s’offrir 500 FCFA au quotidien, c’est trop injuste », déplore-t-elle.
Ce mécontentement des femmes vis-à-vis des difficultés sociales auxquelles elles sont confrontées pourrait s’exprimer en 2025 par les urnes à l’élection présidentielle et lors des élections locales comme les sud-africaines l’on fait le mois dernier. Mais elles devraient préalablement s’inscrire sur les listes électorales, où leur participation reste faible. En effet, sur les 7,3 millions d’électeurs que le Cameroun enregistre à date, la participation féminine est inférieure à 40% . Ces listes électorales en vue des élections de 2025 devraient boucler d’ici fin août, Il ne reste plus alors qu’un peu plus d’un mois aux femmes désireuses de guider leur destin de garantir leur vote.
Chanelle NDENGBE