La ministre ghanéenne a été élue secrétaire générale du Commonwealth à l’issue du récent sommet aux Samoa, donnant ainsi un tournant historique à l’organisation.
Pour la première fois depuis 75 ans d’existence formelle, l’organisation des Etats majoritairement anglo-saxons, chapeautée par le roi Charles III d’Angleterre, sera dirigé par une femme africaine en la personne de Shirley Botchwey. L’actuelle ministre ghanéenne des affaires étrangères et de l’intégration a été élue le 25 octobre dernier après l’ouverture officielle du 27e sommet des chefs de gouvernements du Commonwealth (GHOGM). Le parcours de la femme politique et diplomate de 61 ans la dote d’un potentiel assez impressionnant pour assumer valablement ses fonctions.
Experte polyvalente
La native d’Accra est journaliste de profession grâce à son diplôme décroché à l’institut ghanéen de journalisme (GIJ). Son passage certifié à l’école de commerce de l’université du Ghana lui confère également la qualité d’une commercialiste (UGBS). Elle est aussi passée à l’institut ghanéen de gestion et d’administration publique du Ghana (GIMPA). Par ailleurs, elle est titulaire d’un MBA en gestion des projets et d’une maîtrise en communication publique, certifiée dans bien d’autres domaines dont les relations publiques et le droit. Elle devient avocate en 2023, après son admission au barreau en tant qu’avocate notaire au Ghana. Egalement formée dans des universités britanniques, Shirley Ayorkor va pratiquer ses formations par l’exercice de plusieurs fonctions privées au Ghana et deviendra une grande figure politique au Ghana.
Femme politique engagée dans les relations internationales et la promotion des droits de l’Homme
Membre du nouveau parti patriotique, Shirley Ayorkor intègre le gouvernement ghanéen en 2001. Jusqu’en 2009, elle occupe divers postes notamment de vice-ministre des affaires étrangère, vice-ministre du commerce et de l’industrie. Elle est porte-parole du parti pour les affaires étrangères entre 2009 et 2013. Une fonction assez bien menée qui l’aurait propulsée au ministère des affaires étrangères. C’est depuis le 28 janvier 2017 qu’elle est ministre titulaire des affaires étrangères et de l’intégration, nommée par le Président Nana Akufo-Addo. Au parlement, elle est membre depuis 2005, et élue du Sud d’Anyaa-Sowutuom pour deux mandats (2013 à 2021). La femme politique a siégé à plusieurs comités parlementaires à l’instar de celui du « genre et des enfants ». Au niveau de la sous-région, elle a été membre du parlement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) de 2013 à 2017, et présidente du conseil des ministres. Elle y a défendu les libertés fondamentales et les droits de l’Homme tout en faisant des recommandations aux institutions et organes de l’organisation sous-régionale.
Sa candidature pour succéder à la britannique Patricia Scotland à la tête du bureau du Commonwealth été proposée par le Ghana en février 2024. En prélude aux élections, elle a fermement soutenu que le Royaume-Uni et les autres puissances coloniales doivent réparer les torts causés à leurs anciennes colonies notamment pour ce qui est de la traite des esclaves. Vainqueur des élections en marge du 27e sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth de 2024, elle devient la première femme africaine Secrétaire générale du Commonwealth et permet au continent Africain d’occuper le poste pour la deuxième fois, soit 24 ans après le nigérian Emeka Anyaoku.
La ministre a reçu les félicitations des Chefs d’Etats africains, dont du Ghana et du Nigéria. Pour Bola Tinubu, « l’expérience de leadership de Botchwey apportera une énergie renouvelée aux efforts du Commonwealth pour faire progresser des partenariats économiques et politiques ». L’organisation qui rassemble aujourd’hui 56 Etats prend donc une tournure historique, et la nouvelle dirigeante est consciente de sa lourde responsabilité. « Je suis vraiment honorée du soutien massif des Chefs de gouvernements du Commonwealth qui m’ont choisie comme nouveau Secrétaire général du Commonwealth. Il y a vraiment du travail à faire ! », a réagi la cheffe de la diplomatie ghanéenne sur X. Elle prendra ses fonctions le 1er avril prochain.
Chanelle NDENGBE