Le couple marié sous le régime monogamique n’a pas d’enfant, la dame accepte le divorce et un nouveau mariage sous le régime polygamique, pour permettre à son époux d’en avoir.
Le tribunal de grande instance de Mfou a malgré lui mis en scène une histoire d’amour plutôt surprenante.
Ayissi N. un sexagénaire originaire de la région du Centre a saisi le tribunal pour pouvoir divorcer de Michèle A, la femme qui partage sa vie depuis un peu plus de 22 ans. Seulement, la motivation de sa demande est plutôt curieuse ; il souhaite divorcer pour épouser de nouveau Michèle en seconde noce sous le régime polygamique, étant marié sous le régime monogamique. « Madame la présidente, je ne veux pas me séparer de ma femme, je veux divorcer pour pouvoir changer de régime matrimonial » explique-t-il au tribunal.
Face à cette démarche inhabituelle, la présidente du tribunal qui cache mal son étonnement cherche à en savoir plus. « Pour quelle raison souhaitez-vous changer de régime matrimonial » lance-t-elle en direction du demandeur. En guise de réponse, M. Ayissi se jette dans une longue tirade de plusieurs minutes au cours de laquelle il explique à quel point il aime son épouse et ne regrette pas de l’avoir épousée, avant de conclure « le problème c’est que nous n’avons pas d’enfant et je souhaite épouser une seconde femme qui va me faire des enfants. » À l’écoute de cette déclaration, son épouse acquiesce de la tête comme pour le soutenir. Une attitude qui surprend l’assistance. « Madame, vous souhaitez aussi divorcer ! » s’exclame la présidente « Oui madame répond sans gêne la sexagénaire » et la présidente de continuer « Mais pourquoi ? » réagit interloquée la femme de loi, « Madame, je connais mon mari depuis plus de 30 ans, je l’aime et nous avons tout construit ensemble. Tout ce qui manque à son bonheur c’est un enfant. Comme la loi lui interdit de prendre une autre femme, je le laisse divorcer pour nous épouser ma coépouse et moi sous le régime polygamique » argue Michèle sous les exclamations de l’assistance.
Le tribunal essaie en vain de lui expliquer que rien n’oblige son mari à l’épouser de nouveau une fois divorcée, la sexagénaire campe sur ses positions et invite même la cour à ne pas chercher à influencer sa décision. « Je sais ce que je fais. De toutes les façons, c’est ça ou le laisser aller faire des enfants dans mon dos et risquer de tout perdre. » , laisse-t-elle entendre. Ce à quoi M. Ayissi répond avec un zeste de romantisme « Tu ne vas pas tout perdre ma chérie, je vais habiter avec toi dans notre villa actuelle et la nouvelle femme sera dans sa maison ». Une déclaration qui arrache des éclats de rire à une assistance sonnée par cette histoire hors du commun.
Notons que monsieur Ayissi a des enfants qu’il a eu avant de rencontrer Michèle. Il a par ailleurs annoncé à l’assistance qu’il sait déjà qui sera sa seconde épouse.
A préciser qu’au Cameroun, la bigamie est durement punie par la loi. Il est donc interdit de contracter plusieurs mariages sous différents régimes matrimoniaux. La démarche de M. Ayissi sonne comme une voie respectueuse de la loi. Les débats ont été renvoyés au 22 juin prochain.
John Matou