Les tensions s’accentuent au Sénat nigérian avec la suspension de la sénatrice ayant accusé le président du sénat de harcèlement sexuel.
Après des accusations formelles portées par la sénatrice Natasha Akpoti-Uduaghan contre le président du Sénat Godwills Akpabio, suivies d’une pétition alléguant qu’elle avait été harcelée sexuellement par ce dernier, le comité sénatorial d’éthique a demandé jeudi 6 mars, une suspension de six mois de la plaignante. C’est un coup de tonnerre qui s’est déclenché dans ce pays d’Afrique de l’Ouest avec des voix qui s’élèvent pour contester cette suspension. Prenant la défense de la sénatrice, la section du Parti démocratique populaire (PDP) de l’Etat de Kogi, Etat que représente Natasha Akpoti au Sénat, a déclaré cette suspension injuste.
Injustice, intimidation et atteinte aux droits de la sénatrice
Le vendredi 7 mars, le secrétaire à la communication du PDP Alhaji Umoru Tijani Aruwa a publié un communiqué de presse dans lequel il qualifie la suspension de Natasha Akpoti d’injuste et partiale. En agissant ainsi avec hâte, le comité montre qu’il a pris parti pour le président du sénat et cherche à intimider la sénatrice. «La suspension qui a été recommandée par le Comité sénatorial sur l’éthique, les privilèges et le code de conduite, et la hâte avec laquelle elle a été exécutée, constituent une réaction excessive à la pétition de la sénatrice contre le président », asserte la section et d’ajouter : « …cette décision … vise à faire taire la voix de la sénatrice ». Cette décision est également pour PDP-Kogi, une violation flagrante des droits et privilèges de la sénatrice, une machination qui la prive d’un procès équitable. « La suspension viole le droit à la liberté d’expression de la sénatrice Akpoti-Uduaghan. Elle viole également le principe d’un procès équitable, car la sénatrice n’a pas eu la possibilité de se défendre. Les recommandations du comité étaient fondées sur des informations biaisées et unilatérales, ce qui rend la décision politiquement motivée et vise à punir la sénatrice pour ses critiques à l’égard du président », explique sieur Tijani Aruwa. Il a également ajouté que cette suspension allait priver la circonscription de représentation de Natasha Akpoti à la chambre haute du parlement.
Une enquête pour vérifier les accusations portées contre la sénatrice
Fort de ces points relevés, le PDK-Kogi demande l’annulation immédiate de cette suspension et recommande l’ouverture d’une enquête concernant les allégations portées contre la sénatrice, conformément aux principes démocratiques. « Le Sénat devrait immédiatement annuler la suspension et rétablir les droits et privilèges de la sénatrice Akpoti-Uduaghan. En outre, une enquête juste et impartiale devrait être menée sur les allégations portées contre la sénatrice, veillant à ce qu’elle soit entendue comme il se doit ».
La levée ou réduction de la suspension avait déjà été envisagée par le Sénat. Le président Akpabio l’a déclaré jeudi, expliquant que la sénatrice devait au préalable « soumettre des excuses écrites au Sénat ». Une autre déclaration polémique, faisant suite au rejet mercredi par le comité sénatorial d’éthique, de la pétition introduite par Natasha Akpoti-Uduaghan, alléguant les faits de harcèlement sexuel contre le président du Sénat. Le comité d’éthique avait toutefois souligné que la pétition avait été rejetée parce qu’elle avait été signée par la sénatrice elle-même, contrairement aux règles de la chambre haute du parlement nigérian.
Le torchon qui brûle entre la sénatrice Akpoti-Uduaghan et son président a été enflammé depuis le 18 juillet 2024. Au cours de l’examination d’un projet de loi, la sénatrice qui avait pris la parole avait été interrompue par le sénateur en chef qui avait dit : « Nous ne sommes pas dans une boîte de nuit… Vous devez être identifiée avant de prendre la parole », des propos jugés indécents qui avaient provoqué le courroux des internautes et des associations des défenseurs des droits des femmes. Le patron du Sénat avait présenté des excuses publiques. Moins d’un an plus tard, les tensions entre les deux parlementaires se ravivent, les accusations de harcèlement sexuel qui étaient des rumeurs en 2024 sont devenues formelles et malgré le rejet de la pétition au comité sénatorial d’éthique, Akpoti-Unuaghan compte poursuivre sa requête en justice.
Chanelle NDENGBE