55% de femmes de 10 à 50 ans ont subi différentes formes de violences depuis l’âge de 15 ans.
C’est ce que nous rapportent les chiffres de 2011.
Les associations féminines tirent la sonnette d’alarme et appellent les pouvoirs publics à plus de responsabilité.
Au cours de ces dernières années au Cameroun, le taux d’abus sexuels, de violences physiques et même psychologiques sur les filles et les femmes a explosé et s’est accentué pendant la crise sanitaire due au coronavirus.
Il est fréquent au Cameroun de parler de filles ou femmes qui perdent la vie à la suite d’un abus sexuel ou de violences physiques.
Les derniers cas recensés par Griote.tv au mois d’octobre et début novembre sont éloquents.

D’abord dans la ville de Mbouda à l’Ouest du Cameroun, nous avons eu une femme régulièrement victime de violence physique qui a échappé à la mort après que son mari ait tenté de la tuer avec ses enfants en incendiant la maison. c’était en début de ce mois de novembre. Malheureusement quelques après cette incendie, son fils aîné âgé de 17 ans a succombé à ses blessures. Il avait été brûlé au 3ème dégré.
Le mois dernier dans la ville de à Sa’a région du centre, c’est un autre homme qui avouait avoir tué sa compagne, puis, il a transformé sa fille de 9 ans en objet sexuel.
Le 17 octobre à Bafoussam, c’était le meurtre d’une fille de 13 ans bastonnée et violée à mort par son géniteur. La femme ayant quitté la maison conjugale à cause de diverses violences qu’elle subissait.
Le 15 octobre, une femme appelait à l’aide pour soigner sa fille violée par son patron après avoir elle-même était menacée de licenciement au cas où elle ne cédait pas aux avances de ce dernier. Finalement cette fillette a rendu l’âme.
Le 13 octobre dans la ville de Nkongsamba, une fillette de 6 ans était victime de viol dans le domicile familial, abusée par l’ami de son papa.
Et en début de ce même mois dans la ville de Douala, c’est une adolescente de 17 ans, Minette Mafotsing qui est passée de vie à trépas après avoir été violée et sodomisée par des hommes qui restent jusqu’à nos jours non identifiés, l’enquête aurait été bafouée.
Les cas de viol sont légion et pour la plupart, les coupables ne sont pas du tout inquiétés parfois par la complicité des hommes de lois. Et aussi ces derniers sont couverts par la famille victime de musellement. La société civile déplore le faible arsenal juridique pour protéger les femmes.
La faiblesse de la loi
Les féministes montent au créneau à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes et dénoncent ces abus et l’irresponsabilité du pouvoir judiciaire.
«Il y en a qui meurent des violences verbales », déclare maître Charlotte Tchakounté, avocate au barreau du Cameroun et spécialiste des cas sociaux. Elle raconte l’histoire vécue avec une victime de violence, il y a quelques jours. « Lundi, il y a une qui est venue me voir et c’était tout simplement alarmant. Elle avait un œil poché, la mâchoire tordue, c’était effroyable. Et la question que je lui ai posé était celle de savoir si elle est toujours dans la même maison que cet homme et curieusement, elle m’a dit oui », s’étonne l’avocate.
Selon l’ONU, près de 60% de femmes sont victimes des violences au Cameroun. Malgré les textes de loi en vigueur et les accords internationaux ratifiés, la situation ne change pas, par contre, elle devient alarmante.
« La loi au Cameroun est pourtant parfaite sur des papiers pour avoir ratifié tous les traités et conventions des nations unies et d’autres organes de la sous région pour la protection de la femme», nous explique Maître Tchakounté. Pour elle, il y a un problème de mise en pratique des textes intégrés par le Cameroun et lorsque la loi sera juste et appliquée comme elle se doit, la femme sera plus en sécurité.
L’avocate relève également que la corruption et les pesanteurs culturelles sont des entraves à l’application des lois sur la violence au Cameroun. «Parfois l’enveloppe parle plus fort que les larmes d’une femme et elles sont obligées de fermer les yeux sur une certaines cruauté». L’avocate estime qu’il faut faire un travail de sensibilisation des hommes pour résoudre ce fléau qui gagne du terrain au Cameroun.
Rachèle KANOU