L’année 2019 s’est achevée, il est temps pour nous d’en faire le bilan.
Commençons au Cameroun par la crise anglophone qui, depuis trois années maintenant, a conduit de nombreuses familles à quitter leur domicile pour se réfugier dans la forêt, dans la brousse comme l’indique le langage populaire. Cette crise anglophone nous rappelle aussi des scènes d’horreur qu’ont subi les femmes, notamment Florence Ayafor décapitée et sa dépouille humiliée ou encore le cas de la dame dont l’exécution sommaire dans la Momo, région du Nord-Ouest a ému toute la toile au mois de septembre.
De nombreux enfants pour la troisième année consécutive n’ont pas été à l’école du fait de l’interdiction de la scolarisation imposée par les membres des groupes armés.
Les femmes victimes de Boko Haram sont marginalisées
Dans le cadre de la guerre contre Boko Haram, nous avons interviewé des femmes mariées de force aux membres de la secte islamique et qui sont aujourd’hui rejetées, considérées comme des parias de la société. Ces exclues de la société ne savent parfois à qui attribuer la paternité de leurs enfants, ou quelque fois, connaissent le géniteur mais ne souhaitent plus jamais avoir affaire à ce dernier.
Autre chose qui ne nous aura pas échappé: la recrudescence des actes de violence au sein des établissements scolaires. Le Lycée de Deido en est un exemple type. On y a vu l’un de ses élèves froidement tué au sein de l’établissement, un doigt accusateur étant pointé sur l’insécurité qui sévit dans les écoles du Cameroun du fait de la libre circulation des drogues et particulièrement du tramadol qui fait des ravages depuis plusieurs années.
La violence à l’égard des enseignantes
Elle s’est accrue. Des parents parfois imbus de leur personne ont frappé jusqu’à évanouissement des enseignantes pour une raison qui ne justifie en rien leur barbarie.
L’inégalité Homme-femme
Une chose qui ne sera pas passée inaperçue, au Cameroun, les hommes sont mieux payés que les femmes. Une disparité salariale qui se justifie par les perspectives d’emploi limitées des femmes, la différence du niveau d’éducation, et même la dynamique des pouvoirs. Dans la sphère du pouvoir, la sous représentativité féminine se matérialise par des chiffres dont l’éloquence interpelle, à savoir: aucun délégué du gouvernement de sexe féminin, 8% de femmes maires, 26 % au sénat et 31,11 % à l’assemblée nationale. Des chiffres qui rejoignent ceux de l’Afrique sub-saharienne.
Selon l’union interparlementaire, seulement 23,9% de femmes sont au parlement en Afrique sub-saharienne. Toujours selon cette organisation, 5,9% de femmes sont à la tête des Etats ou des gouvernements et 5,2% se sont vues confier des portefeuilles ministériels.
En attendant que les choses changent, les denrées de premières nécessités coûtent cher, les violences faites aux femmes se multiplient. La preuve a été donnée dans le documentaire «Sex for grades» de BBC, dans lequel des enseignants harceleurs des universités du Ghana et du Nigeria ont été piégés via une vidéo tournée en caméra cachée.
« Féminicide » élu mot de l’année
Des femmes tuées dans le cadre d’actes violents, cela a entrainé la naissance du mot «féminicide» issu de «féminin» et «homicide». Féminicide a été élu mot de l’année par le dictionnaire Le petit Robert.
Malgré cet écran sombre, il y a eu de nombreuses femmes qui se sont illustrées par leur travail, et leurs performances.
Griote espère voir encore plus de femmes briller en 2020, ces femmes dont nous ne nous lasserons pas de faire du story-telling.
Bonne et heureuse année 2020.
Clarence YONGO
Très belle peinture…. Du courage
Merci infiniment
Waoh!!! What a powerful text, all you wrote here is true. We have to draw the attention of our government to respect human life especially women, but when u do a diagnostic like you did and which is true they will say that you don’t love the country and that you are painting the country in black. Keep informing us and thank you for all what you have been doing to empower more women. Happy new year to you and to all the Griote team.
Happy new year dear friend