Le président béninois a fait une sortie ce jour pour le moins remarquée, suite aux dénonciations de harcèlement sexuel d’une journaliste d’ORTB, la télévision nationale béninoise.
Les faits remontent au 1er mai 2020, à l’occasion de la journée internationale des travailleurs. Angela Kpeidja publie sur Facebook un texte qui va faire l’objet de tous les commentaires au Bénin.
Elle commence par un mi- aveu «J’ai failli.. Non je l’ai fait mais je reviens encore plus forte.. Ça m’a rongé toute la journée puis j’ai décidé de mettre les pieds dans les plats. Tant pis…Une fête disent-ils de travail, alors même que le travail, dans mon milieu est totalement décousu.».
Elle poursuit en faisant état d’une situation d’agissements hostiles, à connotation sexuelle. «Le harcèlement sexuel en milieu de travail, même à mon âge a encore droit de cité avec des humiliations de tout genre y compris la baisse de l’estime de soi. Et ça, du plus haut vers les petits chefs de bas étages que sont les rédacteurs en chef et sous chefs. Et dire qu’il y a des femmes parmi nous qui se laissent faire.».
Et pour terminer, elle ajoute une phrase choc «Viol, harcèlement moral et sexuel…j’en ai marre.».
Un cri de douleur exprimé en des mots simples mais bouleversants. Après sa publication, elle a eu droit à la fois aux messages d’encouragements, mais aussi d’insultes. Certains interrogeant son style vestimentaire, d’autres critiquant son maquillage, éléments qui pour eux ne laissent pas les hommes indifférents. Il y en a qui sont allés jusqu’à demander pourquoi avoir attendu toutes ces années pour délier sa langue. Car en effet, Angela KPEIDJA était jusqu’au 22 avril 2020, Chef desk santé à l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin. Elle a été remplacée à ce poste.
Mais malgré ces intrigues, Angela a reçu le soutien de nombreuses femmes, parmi lesquelles Pricile Kpogbeme. La journaliste de formation a raconté les actes ignobles de harcèlement sexuel auxquels elle-même a été confrontée, au point de ne pas exercer le métier de ses rêves aujourd’hui.
La clameur a été entendue jusqu’à la présidence du Bénin, le Président Patrice Talon a tenu une réunion ce jour avec «les responsables de l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB), certains membres de mon Gouvernement dont le Ministre de la Communication et Mme Angela Kpeidja suite à sa dénonciation de faits graves dont elle aurait été victime. ».
Le chef de l’Etat béninois dit être «convaincu que de nombreuses femmes béninoises, dans le cadre de leur travail, peuvent être sujettes à ces pratiques répréhensibles.». Il rassure qu’on ne peut rester de marbre face aux violences basées sur le genre. «Les pratiques liées aux harcèlements, aux violences basées sur le genre, ne doivent pas avoir droit de cité et ne doivent pas rester impunies.».
Une action en justice serait engagée pour faire la lumière sur cette affaire.
Chantal Mveng
