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BOYCOTT DE CERTAINES ARTISTES CAMEROUNAISES A L’ETRANGER, LA POLEMIQUE ENFLE

La situation crée la polémique dans la société camerounaise avec des observations et interrogations choquantes autour du tribalisme.

On vient d’assister au premier boycott d’artistes musiciens de l’année en Europe avec le rejet des prestations de certaines artistes camerounaises par la diaspora camerounaise regroupée autour de la Brigade-Anti-Sardinards (BAS), opposante du régime de Yaoundé, tandis que d’autres sont autorisées à prester.

Ils sont nombreux les artistes camerounais qui depuis le lendemain de la dernière élection présidentielle de 2018 subissent les foudres de la BAS, le groupement qui sème la panique autour d’eux et dans la plupart des cas annule leurs concerts à l’étranger, raison avancée : ces artistes ne dénoncent pas la misère causée par le règne du Président Paul Biya. Si d’aucuns doutaient de cette raison, le boycott qui survient aujourd’hui en France alimente la polémique du moment, beaucoup voient en ce boycott en acte de tribalisme.

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Coco Argentée sur la première affiche, disparaît sur la seconde

Contournabilité du possible mobile de la non indignation des artistes face aux injustices de la société

A première vue, la raison du silence des artistes face aux problèmes sociaux politiques qui affectent le pays ne tiendrait plus devant la liste d’artistes épargnés de boycott pour leurs prestations musicales en France et en Allemagne. Si le maintien de Kareyce Fotso, vive dénonciatrice de la barbarie qu’a subi le défunt Martinez Zogo, y compris celui de Lady Ponce pour les mêmes raisons, l’intouchabilité de Krys-M pose par contre pose problème. L’artiste du Benskin sous les feux des projecteurs en ce moment grâce à ses titres à succès « A chacun sa chance » et qui «Qui croira verra», ne se serait jamais prononcée publiquement sur les questions politiques et sociales, encore moins précisément sur l’affaire Martinez Zogo qui a énormément ému les Camerounais. Alors d’où vient-il que la BAS l’épargne?

Action tribaliste?

D’un côté, nous apprenons le boycott de Grâce, Ben Decca et Coco Argenté, respectivement artistes du Makossa, de l’aire culturelle Sawa et artiste du Bitkusi de l’aire Fang-Beti. D’un autre côté les artistes camerounais qui les accompagnaient en plus de l’artiste Ekang Lady Ponce, on note Krys-M et Kareyce Fotso de l’aire culturelle Grassifeld sont retenues. C’est cette sélection qui fait parler de tribalisme. Car s’il est vrai que ces artistes du Grand Sud du Cameroun inclus dans ce boycott ne sont pas engagées dans les affaires socio-politiques, leur consœur Krys-M ne l’est pas non plus.

Des commentaires fusent alors de partout pour dénoncer l’action jugée tribaliste à la question posée par notre Web Média, celle de savoir pourquoi Coco Argenté et pas Krys-M ? « Ne nous voilons pas la face. C’est du tribalisme tout simplement. Ces gens n’ont pas boycotté Krys-M tout simplement parce qu’elle est de la même aire culturelle qu’eux et Coco non» ; «Au départ, on a cru que c’était pour la bonne cause (les boycotts de la BAS), mais avec beaucoup de recul, on a finalement constaté que c’était du tribalisme masqué en boycott». Telles sont quelques réactions enregistrées sur la page Facebook de Griote TV.

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Evénement annulé

La réalité de l’unité entre les peuples camerounais

Dans la foulée d’idée émise dominée par l’option tribaliste, Krys-M taxée également par quelques-uns d’encourager l’action de la BAS a tenu à s’exprimer pour faire une mise au point. De cette mise au point ressort des propos encourageant à l’amour et à l’unité entre les différentes ethnies, la chanteuse par son expérience d’artiste montre que l’intégration nationale sévit au Cameroun et que son succès en est un fruit.

«Mon public n’est ni Bamiléké, ni Béti, encore moins Bassa, Bamenda etc. Il est camerounais…Ma musique a peut-être un risque musical qui s’identifie à une région, mais les cœurs qu’elle touche ne sont pas de l’ouest. Vouloir me mettre au centre des débats tribalistes je dis non. Ma musique porte l’empreinte des camerounais de toutes les tribus avec qui je travaille depuis des années. Quand je voyage, on ne dit pas de moi que je suis artiste ‘’bamiléké’’, mais artiste camerounaise».

Tels sont les mots de l’auteur de «Qui croira verras», avant de chuter en annonça la fin de sa tourner, un acte de solidarité envers ses confrères boycottés. Toutefois Krys-M est la seule artiste retenue à se prononcer et à boycotter en retour sa tournée, les autres artistes retenues ne se sont pas encore exprimées jusqu’ici.

En dehors des artistes, plusieurs acteurs de la scène publique se sont prononcés contre le tribalisme car disent-ils, un groupuscule détient le pouvoir, profite de ses bénéfices, au détriment de la masse constituée du petit peuple. Mais il faut reconnaître que depuis le début du débat sur le mutisme de certains artistes face à la souffrance du peuple camerounais, plusieurs d’entre eux commencent à se prononcer.

Chanelle NDENGBE

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