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CORONAVIRUS AU CAMEROUN : LES INFIRMIERES DENONCENT LA STIGMATISATION ET LES RISQUES LIES A L’ABSENCE DE PROTECTIONS ADEQUATES

Elles ont célébré ce 12 mai leur journée, dans une atmosphère envahie par la crainte des menaces liées au coronavirus.

«Dans la cité où j’habite mes voisines m’esquivent. Même mon compagnon m’a déjà demandé de laisser ce travail», nous confie Sylviane, une infirmière. Quelle que soit sa peur ou le rejet des autres, elle tient ferme à son travail car c’est grâce à son salaire qu’elle prend soin de sa petite famille. Sylviane fait partie de l’équipe d’intervention rapide de la région du littoral. Elle joue le rôle de WASH, active dans la désinfection des domiciles de personnes suspectes ou malades. Lorsque nous avons voulu aborder l’aspect des équipements de protection pas très adaptés selon certaines sources médicales, notre infirmière nous a fait savoir qu’elle tient à sauver des vies au prix de la sienne.

Cette crainte ne se limite pas seulement au niveau des infirmières qui travaillent jours et nuits pour sauver les malades de la covid-19. Celles présentes dans les centres non réquisitionnés pour la cause sont également concernées.

«C’est très difficile depuis un moment J’ai peur de porter le virus mais je n’ai pas de choix entre perdre le travail qui me permet de gagner mon pain quotidien ou continuer de travailler. J’ai déjà accompagné un malade de la covid-19 dans un centre de prise en charge sans équipement de protection, dès que j’y suis arrivée, je me suis tout simplement désinfectée», argue Mélanie. Etant en contact au quotidien avec les patients, elle dit être exposée. «Le contact avec les patients est réduit, même s’ils se sentent frustrés, on est obligé d’insister sur un certain nombre de gestes barrières pour nous protéger», précise l’infirmière.

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De nombreuses infirmières ont été mises en quarantaine après avoir été en contact avec des cas suspects ou confirmés, nous révèle une source médicale. Beaucoup ont été mises en danger par les malades de covid-19 qui optent pour le déni.

Au Cameroun, de nombreuses infirmières restent sans emploi après la sortie de l’école de formation. C’est le cas de Mélanie. Elle a été formée par l’Etat et depuis 2014, elle travaille dans un centre hospitalier privé. Cette infirmière dénonce la marginalisation tant par sa hiérarchie que sont les médecins, que par les patients. «Les infirmières ne sont pas bien rémunérées, nous travaillons et d’autres reçoivent les éloges. Les patients ont tendance à croire que nous ne connaissons pas notre travail», nous dit-elle. Mais elles sont en première ligne de la prise en charge, surtout en ces temps de coronavirus.

La journée internationale de l’infirmière s’est célébrée aujourd’hui sous le thème «La profession infirmière, une voix faite pour diriger vers un monde en bonne santé ».

Rachèle KANOU

(C) Photo Une: Essence

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