Les murs précédemment peints aux couleurs du Social Democratic Front (SDF) ont cédé place au blanc et gris.
La majorité des élèves de l’école publique New Deido n’a pas eu droit au premier jour des classes à cause du changement de la peinture qui s’y déroulait encore.
5 septembre 2022, il est 8h20 ce jour de rentrée scolaire sur tout le triangle national. Curiosité, ici à l’école publique New Deido, pas l’ombre d’un seul élève dans la cour. L’odeur de la peinture nous accueille à l’entrée de l’établissement scolaire. L’école en chantier porte de nouvelles couleurs; du blanc et du gris. Une voiture de la gendarmerie est garée à l’autre façade de l’enceinte de l’école. 3 hommes en tenue de la gendarmerie sont placés devant le bureau du directeur du groupe3.
Nous sommes interpellés à notre arrivée par une responsable, semble-t-il, la directrice de la maternelle. Elle veut s’enquérir de l’objet de notre présence, la dame est accompagnée de 3 de ses collègues assises devant une salle de classe vide. Nous nous présentons sous la casquette de journaliste. Les unes affichent l’air inquiet et l’autre esquisse un sourire narquois et lance «et ça commence». Nous allons plus loin dans les présentations et voulons comprendre le but de la présence de la gendarmerie dans l’enceinte de l’école. Les dames disent ne rien savoir.
« Nous les avons trouvés à l’école à notre arrivée. Les enfants ne sont pas là il y a juste quelques-uns dans certaines salles de classe. La rentrée est bien effective pour nous les enseignants. Peut-être les enfants ne sont pas venus parce qu’on est en train de changer la peinture. Nous ne savons pas pourquoi les gendarmes sont là. C’est mieux de vous rapprocher d’eux »,
nous indique la dame.
Au bureau du directeur du groupe 3 de l’école publique New Deido, le responsable s’entretient avec le commandant de Brigade de Mboppi A/C Ewane Paul Alain. Dans ce bureau rien n’est à sa place. Une couche de peinture vient d’être appliquée. Ce directeur lui aussi affiche un air pas sérein, probablement à cause de la présence des éléments de la gendarmerie.
« La rentrée est timide. Nous ne savons en quoi l’école doit être concernée par les affaires de la politique. Nous attendons les élèves »,
lance le responsable du groupe 3.
Les travaux sont visiblement achevés sur le bâtiment du groupe 3. Mais une seule salle de classe, dont celle du CM1 contient une dizaine d’enfants.
Au groupe1, les travaux sont en cours. Seuls les enseignants sont regroupés devant l’une des salles de classe. La gendarmerie présente sur les lieux veut se rassurer que les couleurs du SDF sont enlevées des murs de l’école.
« Il n’est pas question qu’on impose la politique aux enfants. La politique c’est pour les majeurs et non les mineurs. Comme vous constatez on est en train de changer la peinture qu’un parti politique a mis ici. Ou bien c’est pour rechercher le buzz sur les réseaux sociaux, on ne comprend pas cette politique. Nous sommes ici depuis 7h pour nous rassurer de l’effectivité de la rentrée scolaire. Comme vous constatez, certains élèves sont là, mais les autres sont absents peut-être à cause de la pluie de ce matin. N’oublions pas aussi ce problème de moyens financiers. Certainement les parents réfléchissent encore »,
soutient le commandant de Brigade de Mboppi A/C Ewane Paul Alain. Le but de sa présence et celle de ses éléments est aussi de s’assurer de la sécurité des élèves.
«Nous sommes là pour assurer la sécurité des enfants. S’assurer qu’ils reprennent les cours dans la tranquillité. Et que rien ne les perturbe »,
nous explique le commandant.
Rappelons qu’il y a quelques jours, le Social Démocratic Front avec à sa tête le député Joshua Osih a repeint les murs de cette école aux couleurs verte et blanche . Toute chose qui a semé la confusion et créé un tollé sur la toile. Il faut le dire, les couleurs choisies par le SDF pour rénover ces bâtiments étaient celles de son parti politique. Cet acte dit de générosité du parti de Ni John Fru Ndi salué par les uns, a été longuement critiqué par d’autres, qui y voyaient une récupération politique de l’éducation.
C’est donc ainsi que ces murs ont été repeints et portent désormais les couleurs grises et blanches. Toute chose qui entraîne un retard sur le début des cours.
Rachèle KANOU
