FÉMINICIDE PRESUME DE DAME YANGWO : LES PROCHES TÉMOIGNENT DES VIOLENCES CONJUGALES ET DEMANDENT JUSTICE

Au milieu de la désolation, les proches de Diane Yangwo, dépités, font de choquantes révélations sur les violences qu’elle subissait de la part de son époux.

Au quartier Bwang de Yassa ce lundi 20 novembre, nous empruntons la ruelle dénommée Bamenda, où se trouve le domicile conjugal du couple Bekobe Mvondo. Sur les lieux, nous observons une pluie de lamentations. Parents, amis, collègues, voisins visages attristés, pleurent Diane Yangwo épse Mvondo, 30 ans, enseignante d’anglais au lycée Bilingue de Nylon Ndogpassi, dont le décès est survenu le 18 novembre dernier à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yassa à Douala. La mort de la jeune femme est d’autant choquante qu’elle décède à la suite des coups qui lui ont été infligés par son époux, des coups qu’elles subissaient souvent, mais cette fois aurait été fatale, à en juger les témoignages recueillis au domicile conjugal par la rédaction Griote Tv.

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Recueillements au domicile de la défunte

La victime se retrouve avec un pancréas écrasé …

Au domicile de la défunte, on peut entendre : « non à la violence conjugale ! Plus jamais ça ! » pour condamner la mort de Diane. Comme la rédaction l’a indiquée dans son récent article, le film de cette tragédie commence le mardi 14 novembre 2023, au lendemain du jour où le second enfant du couple, malade, a été conduit dans une clinique dans laquelle la famille est assurée à Yassa. Sieur Bekobe a reproché à sa femme d’avoir abandonné leur enfant à l’hôpital alors qu’elle était rentrée faire à manger. Une explication que le mari n’a pas voulu entendre. Violences verbales et physique ont matérialisé la colère de ce dernier. « Il lui a dit irresponsable, prostituée», dit Amelie Nguimbous, confidente de la victime et sa collègue enseignante. S’en sont suivis les coups de pieds à l’abdomen et la raclée accompagnée d’autres paroles choquantes en pleine rue.

Malgré les tentatives de se défendre, Diane était moins forte que son époux. « Quand il l’a attrapée, elle s’est accrochée sur son habit (celui de son mari) …Elle m’a dit : il me secouait tellement pour me faire tomber, j’ai trouvé pour seule défense de m’appuyer sur son habit », a rapporté la victime à sa confidente. Mais elle n’a pas été assez forte pour résister. «Pour finir, il l’a jetée au sol quand elle était déjà fatiguée. Il a commencé à la trimbaler au sol pour aller la mettre dans la malle arrière de la voiture. C’est là où les gens sont intervenus ».

Le traitement animal qu’a subi Diane ce mardi l’a conduit d’abord à la clinique où son enfant était pris en charge, ensuite à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yassa, quand le cas s’est aggravé. Ce qu’on a cru léger au départ s’est avéré être critique l’ayant conduite au bloc opératoire puis à la morgue. Pendant son séjour à la clinique, le médecin a signifié cette gravité aux proches de la victime dont faisait partie dame Nguimbous « Ce qui inquiète le plus c’est que le pancréas qui a été écrasé de l’intérieur dû au choc qui a été porté au ventre. Ce coup a écrasé le pancréas de l’intérieur », révèle le médecin selon ce que rapporte l’enseignante. « Il nous a expliqué que le pancréas est un organe très très vital, un organe qu’on ne remplace pas», ajoute-t-elle. Des explications qui aurait été fournies trois jours après son hospitalisation. L’état de santé de la victime va davantage se compliquer au point de l’éteindre le samedi aux environs de 15h, laissant derrière elle ses trois enfants âgés de 5 ans, 3 ans et 1 an.

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Amie et confidente de la victime

Une habituée des violences conjugales et menaces de mort …

Les proches de l’enseignante d’anglais témoignent d’une même voix des violences qu’elles subissaient fréquemment, les voisins en particulier. La situation était si grotesque qu’elle n’avait parfois d’autre choix que de se réfugier chez les voisins.

« Il a l’habitude de la frapper et vendredi dernier, c’est chez moi qu’elle a dormi. Elle est venue cogner à ma porte et m’a dit mama, mon mari veut me taper… Je l’ai accompagnée, j’ai essayé de parler avec son mari, il ne voulait rien entendre. Il a dit devant moi : je vais te tuer, je vais t’enterrer. Il a dit ça au moins dix fois. J’ai dit mais si tu la tues, tu iras en prison. Il a dit qu’il en est conscient. J’ai demandé les enfants vont faire comment ? Il a dit les enfants vont payer le prix »,

rapporte dame Liboh Mireille, voisine de la victime.

Le mis en cause avait-il réellement conscience qui promettait à sa femme de la tuer ou était-ce sur le coup de la colère ? Difficile de répondre, aussi est-il que sa belle-famille est révoltée contre lui. De sources policières et familiale, on apprend que ce sont les agents de sécurité de l’hôpital qui l’ont protégé à l’annonce du décès de sa femme car les proches et les populations informées voulaient en découdre avec lui. « Les éléments de gendarmerie de Ngodi Bakoko vont venir aux environs de 18h et d’une façon stratégique, on l’a extirpé (le mis en cause)», rapporte sieur Nyamsi Valeur, frère de la victime et également enseignant. Au nom de la famille éplorée, celui-ci réclame justice pour sa sœur. « …Elle est mort parce que quelqu’un en a décidé ainsi. Nous interpellons les pouvoirs publics à faire justice, elle le mérite ! Que sa mort soit vengée par la loi, que justice soit faite ! Nous n’avons pu rendre justice nous-mêmes parce que nous n’en avons pas le droit, nous comptons sur la loi ».

Bekobo Mvondo Martial Eric, 33 ans suspect du meurtre de sa femme est quant à lui placé en garde à vue la Brigade de Ngodi Bakoko, son exploitation suit son cours pour déterminer le lien réel entre le décès de sa femme et la bastonnade qu’il lui a infligé. Une affaire à suivre à cet effet.

Avec le départ à soupçon de féminicide de dame Diane Yangwo, c’est désormais 56 cas de féminicides au Cameroun enregistrés en 266 jours dont plus du 1/3 sont des crimes conjugaux.

Chanelle NDENGBE

 

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