L’engagement de Gertrude Omog était ancré sur ses convictions politiques.
Difficile de trouver son image et pourtant de nombreuses pages racontent la merveilleuse histoire de cette héroïne. Pendant les années de lutte pour l’indépendance, elle a effectué plusieurs missions périlleuses pour le compte de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), dans plusieurs régions.
Upéciste de la première heure, cette femme forte et infirmière de formation a été la secrétaire particulière de Ruben Um Nyobe, dans le maquis de Ngog Mapubi.
En 1953 alors qu’elle n’a que 21 ans , elle va poser un acte de bravoure au grand étonnement des hommes, lors d’un meeting présidé par le Secrétaire Général de l’UPC.
En effet, elle démontre un courage extraordinaire en faisant ôter le chapeau d’un commissaire alors que ce dernier exécutait l’hymne national avec la tête couverte.
Une pionnière de l’engagement féminin
Gertrude Omog met fin au prosaïsme des réunions dirigées uniquement par les hommes.
L’acte de courage que cette femme avait posé en demandant au commissaire Carré de se décoiffer, a mérité la confiance des dirigeants de l’UPC. En 1955, elle est cooptée au sein de la plus haute instance de l’UPC lorsque se tient son comité directeur. Elle se lance dans une grande campagne de sensibilisation dès le 3 avril 1955 à l’Ouest et dans le Moungo. Son courage et son éloquence attiraient les femmes, qui venaient l’écouter par curiosité avant d’être nourries de conviction. Après l’interdiction de l’UPC en mai 1955, elle lutte pour l’implantation du parti dans la zone anglophone. Dans son repli stratégique en zone anglophone au début de la révolte, elle reconnaît l’un des amis de son père dans la ville de Kumba dans le Sud-Ouest du Cameroun. Femme pleine de sagesse, elle va se servir de ce dernier pour proteger Félix Roland Moumié, Président de l’UPC et fervent militant de l’anticolonialisme .
«Je ramène Moumié chez le chef Nguimbous à Kumba une connaissance de mon père. Je mens à mon hôte que j’ai rattrapé le fugitif de mon père et le chef de ruminer que « ce bamiléké n’a pas le corps couvert de gales»,
peut-on lire dans une tribune de l’UPC, Union des Populations du Cameroun.
Gertrude Omog est arrêtée avec d’autres femmes, elles sont par la suite contraintes à l’exil au Soudan, le 17 septembre 1957, embarquées dans un avion militaire. Il s’agit en tout de 14 personnes, parmi lesquelles 4 femmes dont Marthe Ouandié et ses quatre enfants, Marthe Moumié et Gertrude Omog. Ce voyage vers l’inconnu marquait la fin de son engagement politique sur sa terre natale, le Cameroun.
Biographie
Gertrude Omog est née le 15 janvier 1932 près d’Edéa. Elle a obtenu son Certificat d’Études Primaires en 1950 dans la même ville, avant de se rendre à Ayos dans une école des infirmières. Dès 1953, elle fait son entrée sur la scène politique après sa rencontre avec Um Nyobé et intègre l’UPC.
Gertrude n’est pas la seule femme à avoir contribué à écrire l’histoire du Cameroun
Dans notre pays, les femmes ne sont pas restées en marge de la lutte nationaliste, dans laquelle elles se sont illustrées comme de véritables «sœurs d’armes» de leurs compatriotes masculins.
La plupart des figures marquantes féminines du combat nationaliste camerounais se recrutaient parmi les intellectuelles de l’époque, constituées essentiellement des infirmières, des enseignantes, des employées de bureau et autres aides-soignantes.
Certaines, à l’instar de Marthe Moumié et de Marie-IrèneNgapeth Biyong, ont été entraînées à la ferveur du militantisme par leurs époux ou leurs compagnons. La bataille d’autres femmes, telles que Gertrude Omog était par contre dépourvue de tout lien affectif et totalement ancré sur leurs convictions politiques.
Rachèle KANOU