L’histoire de ces femmes dans l’attente de leur carte nationale d’identité donne le tournis.
Elles disent être fatiguées des navettes pour l’obtention de leur CNI. 3 ans voire plus, qu’elles font des tours au commissariat, sans succès.
Les récépissés ont blanchi au fil du temps, perdu même de leur valeur, et à force de proroger, les agents du poste d’identification ont fini par y adjoindre un format A4, pour continuer la prorogation.

«Fatigant !», lance Marie Mayap, une cinquantenaire. Nous l’avons rencontrée au commissariat du 8ème dans le troisième arrondissement de la ville de Douala. Elle était debout sous un soleil brûlant. Une main à la hanche droite et l’autre tenant les grilles d’une fenêtre du poste, elle affiche une mine fatiguée et désespérée. Elle dit s’être enrégistrée en avril 2017. Lorsqu’au bout de 6 mois le récépissé a expiré, elle a commencé à faire des navettes au poste d’identification, espérant entrer en possession de sa carte informatisée.
«Je ne sais même plus quoi faire. Une vielle maman comme moi, les gens ci n’ont même pas pitié. Chaque mois je suis ici pour la carte, depuis 2017. Il y a même quelqu’un qui m’a même demandé de laisser et refaire une autre. Mais on ramasse l’argent ? Ce n’est pas normal», déplore-t-elle, furieuse.
Marie Mayap se trouve parmi la centaine de personnes, en majorité les femmes, regroupées dans la cour du commissariat dans l’attente de leur CNI. Au babillard sont affichées des listes. Elles les parcourent l’une après l’autre, on dirait les résultats d’un concours ou d’un examen officiel.

Femmes âgées, femmes enceintes et d’autres avec leurs bébés ne reçoivent aucune faveur des agents de ce poste d’identification. Accroupies ou debout, elles fouillent leurs noms entre les lignes des listes publiées en décembre 2020 et janvier 2021.
«Ca fait 3 ans que je marche ici. Ils ont prorogé jusqu’à augmenté un format derrière. C’est ridicule même à la limite. Le pire c’est que, tu arrives et la place assise pour attendre, il n’y en a pas puisqu’on est tellement nombreux. Quelqu’un finira par s’écrouler ici un jour», se plaint dame Nitié, une femme enceinte. Elle est pourtant venue sur rendez-vous, malheureusement, sa carte n’est toujours pas disponible. «Ils m’ont demandé de venir le 1er février, je suis là mais rien. Je pense que je vais aller à Bonanjo pour refaire, comme quelqu’un m’a suggéré», affirme-t-elle.

Sur le site de la délégation générale de la sûreté nationale, certaines ont mené des recherches, mais en vain. Elles disent avoir laissé des messages sur le numéro Whatsapp publié par la DGSN, un numéro mis à la disposition des personnes dans l’attente de leur CNI, sans réponse. Elles affirment ne plus savoir à quel saint se vouer.
«J’ai tapé le nom sur le site rien. J’ai même écrit sur le WhatsApp, ils ne m’ont pas répondu», dénonce, Sylvie une étudiante.
L’option du site n’est pas favorable pour tous. Cependant, certaines n’ont pas eu de nom sur les listes publiées au poste, mais leur nom était bel et bien inscrit sur internet. Elles ont pu entrer en possession de leur carte informatisée.
Malgré la sortie des femmes pour dénoncer cette situation, l’indisponibilité des cartes nationales d’identité fait toujours problème au Cameroun. Il y a pourtant eu des sorties des autorités pour rassurer les populations, mais la CNI se fait précieuse. Il est encore difficile d’obtenir cette pièce d’identification au Cameroun.
Rachèle KANOU
