www.griote.tv

JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE: 70 % DES FEMMES JOURNALISTES ONT ÉTÉ VICTIMES DE VIOLENCE EN LIGNE

Cette déclaration est d’Audrey Azoulay, ce 3 mai 2022.

D’après la directrice générale de l’UNESCO, il y a une recrudescence  de haine à l’encontre des journalistes notamment envers les femmes. Elle fait savoir que «70% de femmes reporters interrogées ont été victimes de violence en ligne».

Ces chiffres  récents et déplorables, trouvent tout leur sens lorsqu’on est face à des femmes journalistes qui sont  tout le temps insultées et calomniées sur les réseaux sociaux pour avoir traité des sujets liés aux mœurs. Il s’agit surtout de ces journalistes femmes qui mènent un combat acharné contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Entre autres des feminicides, viols, incestes, de la pédophilie, et de l’infanticide.

Le témoignage de Kate DJiaha, ancienne journaliste du groupe Equinoxe se présente comme le spécimen de cette situation de violence que subissent des femmes journalistes dans l’exercice de leur fonction.

Elle note qu’avec l’essor des réseaux sociaux, les auditeurs, lecteurs et même followers ont désormais un accès facile aux journalistes et animateurs. Certains félicitent les professionnels des médias, pour le travail qu’ils abattent au quotidien, souvent au péril de leur vie. Mais plus loin, une autre caste de followers s’est formée, constituée d’hommes et de femmes qui infestent la scène publique et leur cible privilégiée reste les femmes.

« Au cours de l’année 2021, je ne peux pas compter le nombre de fois où j’ai été insultée, menacée, calomniée par DES HOMMES sur les réseaux sociaux. Leur objectif était certainement de me pousser au silence ou pire à la dépression mais ils n’y sont pas parvenus. Pour le cas Stéphanie DJOMO, j’ai été suivie pendant plusieurs jours par des hommes qui se relayaient. Ils étaient au pied de l’immeuble dans lequel je vivais tous les matins, me suivaient jusqu’au boulot, m’accompagnaient même dans mes reportages. C’était tellement oppressant que mon mari qui étaient à des milliers de km de moi à cette époque, a dû déployer des contacts de l’armée pour assurer ma protection pendant cette période. On a finalement su par leur canal que ces gens essayaient juste de savoir si j’hébergeais chez moi les enfants de Stéphanie DJOMO sur lesquels ils n’arrivaient pas à mettre la main»,

explique Kate.  Notons que Stéphane Djomo est la jeune dame qui avait été interpellée et gardée pendant des jours, pour avoir dit dans une émission qu’elle avait perdu ses jumeaux alors qu’elle fuyait les exactions de la crise anglophone.

www.griote.tv

Les affaires Malicka et la défunte Mirabelle Lingom…

Les faits se sont succédés. Partant des affaires de mœurs avec la publication sur les réseaux sociaux de la nudité  de la jeune Malicka Bayemi, qui avait été  filmée dans les bureaux du journaliste sportif Martin Camus Mimb, à l’implication injuste d’une jeune femme dans une affaire de sextape.

Kate Djiaha comme certaines femmes  journalistes,  avait longuement dénoncé cette autre forme de violence à travers leurs comptes facebook. Ici elle est accusée de vouloir «renverser une icône du journalisme sportif».

S’en est suivie, l’affaire Mirabelle Lingom. Cette jeune femme est morte après avoir été injustement accusée par les cadres du Parti Camerounais de la Réconciliation Nationale d’apparaître dans une sextape. Elle est par la suite violée et traumatisée jusqu’à ce que mort s’en suive. Une situation que les concernés avait transformé en guerre  d’insultes tribales, opposant certains membres des partis politiques au Cameroun et accusant des journalistes défenseures des droits de la femme de traiter le sujet partiellement et même de la marchandisation de l’information. La CEO de Griote.TV , Clarence Yongo  et son média continuent d’en faire les frais.

«Nous sommes souvent victimes de menaces verbales lorsque nous contactons une source mise en cause dans une affaire de violence basée sur le genre, notre page Facebook a d’ailleurs subi plusieurs tentatives de piratage et certains nous soupçonnent soit de faire de la marchandisation d’informations ou d’appartenir à des clans politiques tout simplement parce que nous faisons notre travail de journaliste»,

déplore Dame Yongo.

Kate  n’y avait pas échappé. Elle a subi des menaces  et insultes sur des réseaux sociaux . Certains sont allés jusqu’à la traiter de prostituée.

«Là aussi, j’ai subi des menaces de la part d’un groupe de justiciers qui en essayant de protéger leurs amis, a fini par provoquer la mort d’une jeune fille pleine d’avenir. Une perte qui a bouleversé l’opinion publique et qui continue de nous choquer tous autant que nous sommes. On m’a même taxée de prostituée pour essayer de me décrédibiliser mais quand on sait qui on est et qu’on a bossé durement comme je l’ai fait pendant de nombreuses années pour se faire un nom comme c’était le cas pour moi, ce genre de fabrication ne marche pas»,

martèle Kate  et d’ajouter

«Je fais ce témoignage juste pour encourager les consœurs elles aussi victimes de lynchages de toutes sortes sur la toile ( et même celles qui ne le sont pas encore car cela ne saurait tarder) à continuer de faire leur travail et a toujours faire preuve de rectitude morale en toute circonstance. Pour ce qui est de ceux qui insultent, harcèlent, menacent, il ne s’agit définitivement que de sous-personnes qui veulent exister à travers les autres. Il ne faut jamais leur accorder de l’importance si oui, devant les juridictions compétentes pour leur donner une belle leçon de vie».

Placée sous le thème : « Le journalisme sous l’emprise du numérique », l’édition 2022 de la journée mondiale de la liberté de la presse a abordé cette année la question de l’impact de l’ère numérique sur la liberté d’expression, la sécurité des journalistes, l’accès à l’information et la vie privée. D’après le récent rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la Science et la Culture (UNESCO), sur les tendances mondiales, «plus de cinq personnes sur six dans le monde vivent dans un pays où la liberté de la presse a reculé au cours des cinq dernières années. Durant la même période, près de 400 journalistes ont été tués, simplement pour avoir fait leur travail. Les technologies numériques révolutionnent encore plus ce paysage».

Rachèle KANOU

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!
Top