La jeune femme cyberharcelée, humiliée et violée est retournée à la terre de ses ancêtres ce 25 septembre, après la mise en bière d’hier teintée de réclamations et d’appel à la justice.

Christelle Mirabelle Lingom ne reposera peut-être pas en paix jusqu’à ce que justice soit rendue en sa mémoire. Elles sont en nombre, les paroles  et réclamations qui ont été prononcées lors de la levée de corps de cette jeune dame faussement accusée,  violée  et humiliée par ses bourreaux et morte de façon inattendue.

«Le sang de Mirabelle crie et criera jusqu’aux cieux, jusqu’à Jésus Christ. Que le sang de Mirabelle parle. Qu’il crie vengeance comme celui d’Abel»,

déclare l’homme de Dieu qui a prié en la mémoire de Mirabelle. C’était dans le Hall de la morgue de l’hôpital de Log-Baba à Douala, où elle était  gardée depuis le 6 septembre 2021 jour de son décès.

«Mirabelle que ton épée de guerrière ne se repose pas tant que tes bourreaux sont libres»,

lance en pleurs une femme. c’est une douleur intense qui se lit sur les visages.

Des cris et pleurs qui retentissent, ne laisse aucune personne indifférente. Des hommes et des femmes se sont mobilisés pour réclamer justice au nom de cette jeune femme qui, de son vivant a vu sa dignité injustement bafouée sur les réseaux sociaux.

L’espace mortuaire était animé de mouvements qui luttent pour la défense des droits des femmes. Des délégations venues de plusieurs villes du Cameroun. Des T-shirt rouges symbole de sang et noirs celui de douleur ainsi que des pancartes portant des paroles de revendication.

«Justice pour Mirabelle» ; «Les bourreaux de Mirabelle sont connus et libres» ; Mirabelle n’est pas un masque comme a dit Poutine le lion Messey» ; «Stop aux violences sexistes et sexuelles, pas une de plus» ; « Zena la guerrière, la justice divine te vengera»,

pouvait-on lire sur les plaques et banderoles.

Manifestations au palais de justice de Ndokoti

Après la levée de corps, le cortège funèbre s’est dirigé vers le tribunal pour réclamer justice auprès des autorités judicaires. Deux personnes dont le frère aîné de la défunte et une femme sont reçues par le procureur. Pendant ce temps, des femmes assises à même le sol continuent de crier «justice pour Mirabelle».

Certaines pleurent attirant le regard des passants. Des écrits sur les pancartes et les petites banderoles les renseignent sur la situation mais  les plus curieux s’approchent pour plus amples explications. Après plus d’une trentaine de minutes, les personnes déléguées pour rencontrer le procureur vont ressortir l’air un peu soulagé. Le procureur demande une retransmission du dossier à son niveau et promet de s’en occuper.

«Le dossier est à Bonanjo. Après le deuil nous allons prendre le procès-verbal et remettre au procureur qui dit que si cela est de son ressort il s’en occupera»,

explique Laurence Nguedia, l’une des femmes mobilisées pour réclamer justice pour Mirabelle.

C’est ainsi que le cortège s’en va. Les membres de la famille et des proches conduisent la dépouille de cette jeune femme de 25 ans dans son village natal à Bot-Makak dans le département du Nyong-et-Kellé, où elle a été inhumée ce 25 septembre 2021.

Son inhumation s’est déroulée « dans la tranquilité », nous dit Réné, le frère aîné et seul soutien familial de christelle Mirabelle Lingom durant toutes ces semaines de tribulations où elle réclamait justice.

Qu’est ce qui a tué Christelle Mirabelle Lingom? Aura-t-elle jamais justice à titre posthume contre le cyberharcèlement et le viol qu’elle a subi? Difficile à dire.

Rachèle KANOU