Dans les équipes féminines du Mali, il fallait coucher pour jouer, le scandale sexuel a éclaté à l’issue de la finale de l’afrobasket.

Le 26 septembre dernier, l’équipe féminine malienne tombait les armes à la main face à leurs rivales Nigérianes, lors de la finale de l’afrobasket organisée à Yaoundé au Cameroun. Dans l’ombre  de cet événement qui a vu le Nigeria remporter son troisième sacre consécutif, la fédération internationale de basket avait sur sa table les conclusions du rapport McLaren au sujet des dénonciations d’abus sexuels et autres pratiques de harcèlements qui ont été courantes au sein des sélections féminines du basket malien depuis plus d’une décennie.

L’enquête conduite par le célèbre juriste canadien Richard McLaren dont les conclusions sont connues depuis le 14 septembre 2021 confirme l’existence de pratiques peu orthodoxes qui mêlent abus sexuels, harcèlement, intimidation et exclusion au sein des sélections maliennes. Le rapport finale parle « d’institutionalisation de ces pratiques« .

Des méthodes d’encadrement peu communes

En 2016, Amadou Bamba  est nommé entraîneur des équipes jeunes. Sous son encadrement, les équipes féminines maliennes connaissent un certain rayonnement sur le continent et au-delà. Tout va bien ou presque. Selon le rapport, l’entraîneur a des méthodes d’encadrement peu communes; il n’est pas rare de le voir inviter certaines jeunes joueuses parfois mineures dans sa chambre d’hôtel pour des séances de coaching privé. Certaines adolescentes veulent se plaindre mais les équipes de Bamba gagnent. Les résultats satisfaisants couplés à la culture du silence imposée aux femmes en Afrique de l’ouest suffisent à annihiler toute possibilité d’actions au sein de la fédération malienne de basket ball.

En décembre 2020, les U-18 maliennes participent au championnat d’Afrique de leur catégorie en Egypte. Elles sont au sommet de leur art avec trois titres consécutifs. Pour ce championnat, le peuple malien et les passionnés de basket ball africain parie sur un quatrième titre mais les filles de l’entraîneur Bamba tomberont face au pays hôte.  Dans les vestiaires, un scandale éclate; quatre joueuses disent avoir été victime d’abus sexuels de la part de l’entraîneur. Toujours selon le rapport McLaren, certaines filles se confient à la nouvelle entraîneuse adjointe Fanta Diallou qui préfère garder le silence au nom de l’équilibre de l’équipe, comme elle le dira elle-même aux enquêteurs.

Le salut qui vient du New York Times…

Alors que les autorités maliennes tentent d’étouffer l’affaire, le célèbre journal américain se saisit du dossier. Dans un rapport accablant publié en juin dernier, le New York Times relate les mésaventures d’une jeune basketteuse de 16 ans ayant été abusée par son entraineur et en quête de moyens financiers pour se faire avorter. L’omerta est levée, d’autres adolescentes parlent mais la fédération malienne ne veut rien laisser passer. Au Mali, on parle même de l’honneur du pays qui est piétiné. Heureusement, la Fédération internationale de basket ball ne l’entend pas de cette oreille. Sur la base de ses propres enquêtes, elle suspend quatre personnalités du basket ball malien parmi lesquelles le président Harouna Maiga accablé par une bande audio où on l’entend clairement valider les pratiques honteuses décriées.

L’institutionnalisation des abus sexuels

L’enquête indépendante conduite par le professeur McLaren expose une machine bien huilée dont l’étau prédateur s’est resserré sur des dizaines de jeunes joueuses maliennes avec l’entraîneur Bamba dans le rôle de bourreau avec la bénédiction de la fédération malienne de basketball. Les conclusions de l’enquête parle d’une « acceptation institutionnalisée de la maltraitance des joueuses. Et ni action ni effort n’ont été tentés pour reconnaître ou corriger cela ».

Au cœur de l’enquête, des responsables de la fédération vont même déclarer de mauvaise foi que certaines joueuses se livraient à des relations sexuelles à cause de la pauvreté et d’une vicieuse ambition de réussite.

Pour rappel, à la suite de l’enquête du New York Times, Amadou Diallo a été inculpé  pour pédophilie, tentative de viol et attentat à la pudeur  en juillet dernier. Le rapport Maclaren a quant à lui permis la mise à l’écart du président de la fédération malienne de basket ball M.Maiga. Fanta Diallou, l’entraineuse adjointe lors de l’afrobasket U18 en Egypte a également été sanctionnée pour avoir gardé le silence. À son propos, il est écrit « Non seulement il s’agit d’une faute disciplinaire et d’une dérogation grave au devoir, mais cela met encore plus en évidence la conduite consistant à couvrir les allégations au lieu de les traiter ».

John Matou