Ils sont obligés d’acheter ou alors de partager leurs Smartphones avec leurs enfants.
Le quota horaire des enseignements a été réduit mais le programme reste le même. On est passé de 8h de cours par jour à moins de 5h avec le système de la mi-temps imposé par le coronavirus. La méthode d’enseignement à distance est devenue une nécessité pour espérer couvrir l’ensemble du programme avant la fin de l’année scolaire.
L’usage d’un Smartphone devient une obligation pour tous les élèves du secondaire. Une mesure qui courrouce les parents. Ces derniers déplorent leur incapacité à avoir cet outil face à la conjoncture actuelle.
« Vraiment, ça devient même quoi ? Ils auraient pu faire autrement. Je n’ai pas de téléphone, même si j’avais un téléphone androïd, je ne passe pas mes journées à la maison. A quel moment, ma fille de la 6ème va-t-elle recopier les cours ? Ce n’est pas possible qu’ils revoient cela », lance une femme, parent d’élève au Lycée bilingue de Bepanda. Nous l’avons rencontrée samedi à la sortie d’une réunion de l’établissement convoquée pour la cause.
C’est une méthode qui demande non seulement les moyens financiers mais surtout la disponibilité des parents qui doivent veiller à ce que ces enfants recopient les leçons dans les cahiers. Leur devoir et leur rôle de premier éducateur sont plus que jamais sollicités. «Mes enfants ne vont pas s’en sortir. Je n’ai pas de téléphone androïd, je n’ai pas le temps. J’ai donné le numéro de mon mari pour qu’on le mette dans le forum, mais est ce qu’il est souvent à la maison. Pardon qu’ils envoient les cours aux enfants ils photocopient. Je pense que c’est la meilleure solution », exhorte une autre femme. Elle dit avoir 3 enfants inscrits aux Lycée bilingue de Bepanda.
Les responsables d’établissements invitent les parents à plus de responsabilité
Les enseignants disent avoir besoin des parents, pour les accompagner. « En ce moment, les parents ont un très grand rôle à jouer, parce qu’ils doivent s’assurer que ces enfants ont effectivement les cours envoyés sur la plateforme, ou bien les cours envoyés sur les formats, et qu’ils soient effectivement dans leurs cahiers », indique Charlotte Toko, censeur au Lycée bilingue de Bépanda. Elle rappelle aux parents d’éviter de transformer des enfants en petits commerçants pendants les heures creuses. « Le temps du matin ou de l’après-midi n’est pas pour envoyer les enfants vendre les arachides au marché. Ils doivent occuper cet espace pour recopier les cours envoyés dans les foras du Lycée», dit-elle.
Charlotte Toko
Les parents et surtout les femmes se demandent comment elles vont faire pour se rassurer que le temps laissé aux enfants ne servira pas à regarder la télévision ou bien à utiliser le téléphone à d’autres fins. Une équation difficile à résoudre surtout pour ceux des parents qui se débrouillent au quotidien pour nourrir leur progéniture. Elles sont rarement à la maison. Pourtant, ces enfants ont une obligation d’avoir ces cours dans les cahiers, sinon ils seront sanctionnés. «Ces cours seront contrôlés par les enseignants. Recopier uniquement dans les cahiers ne veut pas dire que les cours ont déjà été faits. Donc après le contrôle, les enseignants devront expliquer en direct aux enfants », renchérit Mireille Tsingaing, elle aussi censeur dans le même lycée.
Mireille Tsingaing
Les aléas de la nouvelle méthode donnent lieu à un appel à la solidarité entre élèves
Il peut arriver que les élèves n’aient pas de téléphone, ou qu’ils n’aient pas de connexion internet ou même que le téléphone soit défectueux, reconnaissent les chefs d’établissements. En ce moment, la pratique de l’entraide s’impose. «Pour ceux qui auront la possibilité d’avoir ce cours, ils vont les photocopier après avoir recopié dans leurs cahiers et pourront passer à leurs camarades à ceux qui n’ont pas pu avoir les cours », martèle Mireille Tsingaing.
L’enseignement à distance n’est uniquement pas le E-learning, disent-elles. Les enseignants mettront également si possible à la disposition des élèves, des documents, des disques, des clés USB. « Nous savons que nous sommes dans un environnement difficile, où les parents ont un niveau de vie relativement bas. Ce qui fait qu’on mettra des cours à disposition des enfants même sous forme physique. Ce qui va permettre de palier ce manquement pour celui qui ne peut pas avoir de cours en ligne », conclut Charlotte Toko.
La rentrée scolaire 2020/2021 a été effective le 5 octobre dernier. Pendant deux semaines, les apprenants ont eu droit aux révisions, et dès ce lundi, ils ont entamé les nouvelles leçons et certaines ont été envoyées en ligne.
Rachèle KANOU