Cette volaille est devenue rare et son prix a doublé.
Depuis plus de 5 mois, le poulet dicte sa loi sur le marché. 3500f ou plus pour un poulet d’environ 1kg, soit une augmentation de plus de 1000f par rapport aux mois précédents.
Les femmes se plaignent. Elles disent ne plus savoir où mettre la tête, d’abord le poisson qui a disparu du marché et maintenant le poulet. A quoi s’attendre dans les prochains jours ? C’est la question que ces femmes se posent.
«Ça fait peur. On nous contraint à être végétariens. On ne peut plus se faire plaisir dans nos plats. Le poulet est excessivement cher», déplore Virginie.
Nous l’avons rencontrée au marché double balle dans le 5ème arrondissement de la ville de Douala. Elle était au lieu-dit camp poulet de ce marché. Cet espace qui grouille généralement de monde est presque vide. On compte juste quelques vendeurs. Des petits poulets disposés dans les paniers. A partir de 3500f un poulet. Les prix sont non discutables.
«Je dois recevoir mon gendre à la maison ce samedi. J’avais prévu faire du poulet. Mais regardez vous-mêmes. C’est tellement cher que je ne sais plus quoi faire. Finalement qu’est ce nos gouvernants veulent qu’on devienne dans ce pays ?», interroge Virginie.
Une rareté du poulet due à la nouvelle vague du coronavirus
La fermeture des frontières serait la principale cause de la rareté du poulet sur le marché. En effet les poussins, les œufs à couver, et même les aliments pour la reforme viennent de l’étranger. «Avant, quand il y avait rareté de poussin, le Cameroun importait. Et comme il y a corona dehors, les frontières sont fermées. On importait les parentaux qui pondent les œufs pour obtenir les poussins», nous révèle Antoinette, vendeuse de poulet.
Cette situation a débuté en décembre 2020, à la suite de l’annonce de la grippe aviaire, nous dit-elle. C’est donc ainsi que les poulets ont commencé à être rares sur le marché et le prix grimpait au fur et à mesure.
Les poussins sont quasi absents, les fermiers ne savent plus à quel saint se vouer.
«On livrait les poussins à 400 f mais maintenant ça coûte plus de 700f. L’aliment même pour les nourrir est cher», nous confie Léopold, fermier.
Ses activités ont chuté depuis un moment. Lui qui embauchait 10 jeunes, a été obligé de réduire son effectif. Plusieurs de ses fermes sont fermées. Il évalue le manque à gagner à des centaines de mille. Il interpelle le gouvernement.
Le Cameroun compte importer les poussins
Le 22 mars 2021, le ministre de l’Elevage des pêches et des industries animales, a adressé une correspondance à l’ambassadeur du Brésil au Cameroun. Cette lettre N°000411/MINEPIA/SG/DSV indiquait que : « dans le cadre du développement de la filière avicole camerounaise et de la diversification des fournisseurs d’intrants, j’ai l’honneur d’accepter l’importation des produits et sous-produits aviaires du Brésil selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE)», lit-on.
Une décision non satisfaisante pour des fermiers. D’après Léopold le fermier, il serait plus important de créer des entreprises pour la production de la volaille.
«La décision du gouvernement ne nous aidera en rien. Importés de l’étranger, les poussins nous reviendront toujours chers. Qu’il pense plutôt à mettre sur pied d’autres moyens de produire chez nous. Nous n’avons qu’une seule entreprise qui fait dans ce domaine au Cameroun. Mais la demande est si forte qu’elle ne peut pas satisfaire tous les fermiers de ce pays», insiste-t-il avant d’ajouter «Même les aliments pour la nutrition de la volaille viennent de l’extérieur. Tout ça parce qu’on ne veut pas aider l’agriculteur».
Rachèle KANOU