Après la controverse sur le prix du pain, dont l’augmentation était annoncée par certains journaux, une sortie du ministre du commerce est venue mettre fin au débat sur le coût et pas sur le grammage.  

«Le pain, c’est toujours 125f mais il n’y a presque pas de mie à l’intérieur».

C’est l’avis d’une maman qui estime que les boulangers trompent les consommateurs. Le prix du pain n’a pas changé mais sa qualité et sa quantité restent à revoir selon plusieurs ménages.

Depuis quelque temps une polémique plane sur le prix du pain, un aliment très prisé dans les ménages et surtout pendant cette période de cours. Les parents en ont besoin pour servir aux enfants comme petit déjeuner et goûter pendant la journée de classe.

Nous avons rencontré Rosette vendredi 28 janvier. Elle est mère d’enfants. Chaque matin elle achète au moins 5 pains qu’elle partage à sa progéniture. Une vieille habitude pour cette femme. Selon elle, plus les années passent, la qualité du pain est déplorable.

« A l’époque, on achetait le pain de 200g la baguette à 50f et lorsque tu tenais un pain, il était lourd. Ce n’était pas facile de manger un pain toute seule. Mais aujourd’hui, le pain est comme le carton dans la bouche, aucune mie et pour couronner le tout, on vous dit que les prix vont augmenter »,

déplore Rosette et d’ajouter

«Les boulangers avec la complicité de l’Etat nous trompent. Le pain qu’on nous laisse à 125f ne pèse pas 200g qu’on arrête de nous tromper, mieux encore ils augmentent le prix et nous produisent du bon pain comme à l’époque».

Il est à donc à noter que sur le marché, même si le prix du pain n’a pas augmenté, son poids à vue d’œil a diminué. Les meuniers pour leur part déclarent que le coût de production du sac de farine de 50 kg a augmenté de 2000fcfa passant de 4500fcfa à 6500fcfa entre le premier trimestre 2021 à ce jour.

Nous avons parcouru quelques boulangeries au quartier Bepanda dans le 5^ème arrondissement de la ville de Douala.

«Nous livrons le pain au prix de gros à 75f et 90f le 200g et il revient aux consommateurs à 125f»,

nous confie le chef des ouvriers d’une boulangerie. Il nous rassure que le prix du pain reste inchangé, mais difficile de nous donner le grammage exact de la baguette de 125f.

«Pour le poids, ça dépend. Et ça, je ne peux rien vous dire. C’est chaque boulangerie qui sait comment elle gère pour pouvoir servir sans embêter les clients»,

nous dit-il. C’est le même son de cloche dans les autres boulangeries que nous avons visitées.

Le blé coûte cher

Les meuniers et le gouvernement camerounais semblent ne pas s’entendre sur l’augmentation du prix du blé qui serait à l’origine de cette polémique.

Les tendances inflationnistes observées sur le prix des matières premières servant à la fabrication du pain sont la cause.

«Sur le marché mondial, le prix du blé, après avoir affiché une progression de plus de 15%, est passé à près de 85% en quelques jours, dépassant ainsi largement le niveau de 15% observé en 2013»,

apprend-t-on de la Coalition des consommateurs du Cameroun.

Pistes de solutions

Pour éviter une augmentation du prix, le Cameroun envisage désormais d’importer la farine de blé de Turquie. Le ministère du commerce a donc engagé des concertations pour trouver des solutions alternatives.

«Pour approvisionner le marché en farine de blé, nous avons proposé une orientation désormais vers la Turquie »,

apprend-on.

«La Russie est jusqu’ici le principal fournisseur de blé, mais ce pays est désormais défaillant à cause du Covid-19, les mauvaises récoltes et les changements climatiques. Ce qui n’est pas le cas avec la Turquie»,

nous apprend le quotidien Eco Matin.

Dans un communiqué publié le 19 janvier 2022, le Syndicat des boulangers indique que les négociations se poursuivent avec les pouvoirs publics, les minotiers et les associations de défense des droits de consommateurs. Et qu’en attendant la fin desdites négociations, «aucune augmentation n’est permise sur les prix de farine et du pain sur l’ensemble du territoire national».

Rachèle KANOU