La communication sur les risques en cas d’urgence, est plus adaptée dans une communauté lorsque les femmes sont plus engagées dans la croisade.
Qu’il s’agisse des maladies qui se propagent entre les hommes et les animaux encore appelées zoonoses, ou d’autres maladies, ainsi que des cas d’urgence de santé, le rôle de la femme est le souvent négligé dans la communication. Pourtant, elle est une voie facile pour la sensibilisation.
C’est du moins l’une des recommandations formulée par une journaliste participante au programme de «formation des professionnels des médias et des communicateurs de santé publique à la communication sur des risques One health». Une session du programme zoonoses qui s’est tenue du 25 au 28 mai 2021 à Douala, dont le but était de renforcer les capacités des porte-paroles du gouvernement, des communicateurs de santé publique et des professionnels des médias dans l’application de meilleures pratiques en matière de communication sur les risques et la collaboration efficace pour sensibiliser aux risques et à la prévention des Zoonoses prioritaires.
D’après certains participants, les femmes sont sensibles face aux situations d’urgence. Et du fait de cette sensibilité, lorsqu’elles sont bien outillées, elles sont susceptibles d’avoir les termes les plus indiqués, les mieux appropriés pour sensibiliser non seulement la gent féminine, mais aussi les enfants. Cette frange étant la plus importante de la population au Cameroun.
«Elles sont plus sensibles lorsqu’il s’agit de communiquer même en langue nationale. Elles vont dans les fins fonds des villages pour pouvoir sensibiliser et utiliser les termes les plus appropriés surtout si elles ont reçu un renforcement de leur capacité ou alors, elles ont été mieux sensibilisées sur la dangerosité que ce soit des zoonoses ou bien d’autres maladies», indique une journaliste participante du grand-nord du Cameroun.
Membres d’associations, d’organisations féminines et même des groupes d’initiatives communes (GIC), les femmes détiennent un fort potentiel de relais communautaire.
«Lorsqu’il s’agit des villages et les zones les plus enclavées la femme a davantage de rôle et d’impact à jouer dans la société. Ceci à travers les associations, et les GIC, elle peut déjà commencer à sensibiliser. Et vers la base, le message pourrait avoir plus d’impact sur la communauté», soutient la journaliste.
L’urgence d’impliquer plus de femmes dans le combat que mène le Cameroun pour lutter contre la covid-19 et d’autres zoonoses est donc signalée. Une recommandation prise en considération par les organisateurs.
«Un plan stratégique de communication sera élaboré pour décliner les axes et les acteurs impliqués et bien entendu les femmes sont des leaders reconnues de la santé», rassure Dr Elise Virginie Longang, médecin de santé publique et coordinatrice du programme de l’Agenda de sécurité de santé mondiale (GHSA).
12 femmes ont participé à cette formation des professionnels des médias et des communicateurs de santé publique
Sur les 21 participants ayant pris part à ce programme de renforcement de capacité en matière de communication sur les risques, 12 étaient des femmes. Un nombre important qui justifie la prise en compte de l’approche genre par les organisateurs de ce séminaire.
Notons que la mise en place d’une approche multisectorielle «One Health», correspond à impliquer tous les secteurs et disciplines pertinents à l’interface Homme-animal-environnement dans la lutte contre les menaces sanitaires. Elle implique d’assurer l’équilibre et l’équité entre tous les partenaires. Le rôle de la femme n’est pas à négliger.
«L’objectif est d’accroître l’efficacité et réduire au maximum les informations contradictoires ou fausses lors de l’intervention en cas d’urgence de santé publique et dans la sensibilisation générale à la prévention des zoonoses prioritaires. Fournir en temps utile des conseils de santé précis qui répondent aux préoccupations du public en cas d’urgence de santé publique ; de favoriser l’engagement des communautés dans la lutte contre les zoonoses», fait savoir Dr Elisabeth Dibongue, la secrétaire permanente adjointe du programme zoonose.
Chaque urgence de santé publique pose de nouveaux défis en matière de communication. La pandémie du coronavirus qui est une zoonose continue de mettre à rude épreuve les systèmes de santé publique et leur capacité à communiquer efficacement avec les populations. Selon les formateurs, une communication inadaptée sur les incertitudes et les risques pour répondre aux préoccupations du public peut avoir des conséquences diverses, notamment une perte de confiance et de réputation, des répercussions économiques et, dans le pire des cas, la perte de vies humaines.
Rachèle KANOU
Super article Rachele. Bien rédigé et très pertinent. Bravo ????