Cette conclusion ressort d’un rapport publié au mois de juin dernier par la division africaine de l’organisation mondiale de la santé.
On apprend de ce rapport que les femmes représentent environ 40% des cas de coronavirus déclarés et que ce chiffre atteint un le pic de 40 à 55% dans les pays les plus touchés par la pandémie.
Le Cameroun n’échappe pas à cette réalité. Le premier constat montre que les femmes fréquentent de moins en moins les centres hospitaliers de référence. «Je ne peux pas me rendre à l’hôpital ces jours. Je peux attraper le Corona là-bas ou être victime d’un mauvais diagnostic’’ nous confie une mère interrogée. Une étude menée au Cameroun par le Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population (BUCREP) et ONU-femmes indique que la peur d’attraper le Coronavirus est plus élevée chez les femmes. 51% des femmes interrogées avouent en effet, être quotidiennement angoissées par la possibilité de contracter le Coronavirus, contre 41% d’hommes.
Sur le plan économique, il est clair que les mesures prises par le gouvernement pendant la période dite de restriction de mobilité ont porté un sérieux coup au panier de la ménagère. Les femmes étant les plus présentes dans le secteur informel, les fermetures des salons de coiffures, des écoles et des commerces jouxtant nos églises ont causé d’énormes pertes financières chez celles-ci. Parmi les personnes ayant déclaré avoir subi une perte, 14,6% sont des femmes et 13% des hommes.
Selon le même rapport, les difficultés des femmes liées à la pandémie de la Covid 19 vont bien plus loin que l’angoisse et la précarité économique. En effet, plusieurs femmes interrogées lors de cette étude (35,8%) se plaignent de l’augmentation des violences conjugales. «Les couples passent désormais plus de temps ensemble et la fragilité économique des ménages est certainement une source importante de tensions », tente de justifier un expert en questions matrimoniales.
Au-delà des chiffres évoqués, l’organisation mondiale de la santé souligne que la propagation de la Covid 19 et les efforts drastiques de prise en charge qu’elle impose aux gouvernements tendent à fragiliser la mobilisation des services de santé publique sur des questions essentielles liées au traitement des maladies comme le paludisme et sur des questions liées à la santé sexuelle.
« Selon des données préliminaires, au Zimbabwe, le nombre de césariennes pratiquées a diminué de 42 % entre janvier et avril 2020 par rapport à la même période en 2019. Le nombre de naissances vivantes dans les structures de santé a diminué de 21 %, tandis que le nombre de nouvelles clientes prenant des pilules contraceptives combinées a chuté de 90 %. Au Burundi, les premières statistiques montrent que les naissances avec des accoucheuses qualifiées sont passées de 30 826 en avril 2019 à 4749 en avril 2020 » souligne le rapport.
John Matou