«Comme tu pars là-bas chez les fantômes, ne le laisse pas en paix. Il faut le hanter au point où s’il veut manger, arrache lui la cuillère et enfonce dans sa gorge», lance un membre de la famille.
La famille de Lydienne Solange Taba était sous le choc. Pas une parole sans pleurs. Des témoignages émouvants, accompagnés d’appels à la vengeance tant des ancêtres que de Dieu.
«Le fusil qui t’a tué et les mains qui l’ont manipulé seront brisés. Dieu va te venger. Vas et repose en paix ma fille», Patrice Ebemby Mboma, le papa de Lydienne, appelle à la vengeance de Dieu. Cet homme effondré par la mort brutale de son unique enfant, croise les doigts en implorant la justice divine. Dans son témoignage, il revient sur la vie intime de sa fille et rappelle, qu’il n’avait pas encore déverrouillé cette serrure dans la vie de Lydienne. Et même si ça en avait été le cas, il ne prévoyait pas l’avenir de sa fille comme étant «madame le sous-préfet mais comme madame le directeur général », dit-il.
Lydienne Taba a été tuée «accidentellement» à bout portant par le sous-préfet de la Lekoundje. Comme pour de nombreuses personnes, cette thèse est prise avec des pincettes par le chef du village Lobethal. Cette question n’a eu de cesse d’interloquer ce garant des traditions Bakoko-Bassa. «Une arme manipulée par un professionnel ? Je voudrais consoler ma population», laisse entendre sa majesté Nkomba.
«Mr le préfet, si ce n’est pas un accident. Je dis bien si ce n’est pas un accident. Que les ancêtres de ce village lui répondent. Que les fantômes le suivent partout», menace-t-il.
Entre autres témoignages, celui du maître de cérémonie, membre de la famille de Lydienne Solange Taba. Le présumé assassin de cette jeune fille de 23 ans aurait passé la majeure partie de sa garde à vue à l’hôpital «sous prétexte» qu’il a des troubles de mémoire. A ce propos l’homme de la cérémonie déclare : «Dieu est là-haut. Ne soyez pas surpris que ce trouble de mémoire amène quelqu’un à manger dans les poubelles».
Certains membres de la famille restent choqués par le fait que Franck Derlin Ebanga, sous-préfet de la Lokoundje ne soit pas encore frappé par la loi camerounaise. «Il a tué notre fille et jusqu’à aujourd’hui, il reste sous-préfet de la Lokoundjé. Que la colère de Dieu le frappe», fulmine la tante de la défunte. Ces personnes dans leurs témoignages dénoncent l’inaction de l’administration camerounaise. «Le Cameroun c’est le Cameroun. Donc il y a certaines choses qui ne sont pratiques et possibles qu’au Cameroun mais pas dans d’autres pays», indique l’oncle paternel de Lydienne avant d’ajouter. «Nous avons fait confiance à l’administration mais nous sommes déçus. La vie c’est le tiercé. On gagne dans l’ordre mais curieusement on gagne aussi dans le désordre. Comme vous avez gagné dans l’ordre vous n’allez pas gagner dans le désordre», conclut-il en présence du préfet de l’océan Antoine Bissaga.
C’est donc avec ces témoignages émouvants que Lydienne Solange Taba a été conduite à sa dernière demeure au cimetière familial. C’était ce 29 août 2020 dans son village Lobethal-Mouanko dans la Sanaga maritime.
Lydienne Solange Taba a été tuée le 25 juillet 2020, en recevant une balle dans la gorge, alors qu’elle se trouvait au domicile de son petit ami, sous-préfet. Ce dernier selon ses affirmations aurait, tiré accidentellement cette balle au moment où il nettoyait son arme pour la ranger dans son sac de voyage. Thèse que refutent les proches de la jeune dame. Le présumé meurtrier serait entre les mains de la justice militaire.
Rachèle KANOU
Que Dieu agisse, par tous les moyens! ??