Cécile Bibiane Ndjebet, agronome camerounaise a reçu le prestigieux prix Champions de la Terre.
Elle fait partie des cinq lauréats récompensés cette année par le programme des nations unies pour l’environnement. Cécile Ndjebet est l’une des pépites féminines rares qui œuvre sans répit à la promotion des droits de femmes en milieu rural, sur la gestion forestière et l’égalité des droits de terre. C’est une figure de proue au Cameroun et à l’échelle mondiale.
L’agronome et activiste brille par son énergie et son engagement depuis trente (30) ans aujourd’hui au service de la promotion des droits fonciers et forestiers des femmes. Son plus gros combat est celui de prouver que la participation des femmes à la gouvernance et à la conservation des forets est fondamentale pour réaliser une gestion forestière durable.
Selon les statistiques au Cameroun, près de 70% des femmes vivent en zone rurale et dépendent de produits forestiers sauvages pour leur subsistance. Certaines communautés par contre, ne reconnaissent pas le droit de posséder des terres forestières, d’en hériter à la mort du mari, ni même de planter des arbres sur les terres dégradées. Raison pour laquelle Cécile Ndjebet encourage les femmes au quotidien à planter des arbres.
Cécile Ndjebet : une brillante carrière
Cécile est l’une des dirigeantes bien connues des OSC (Observation Sociologique du Changement) en Afrique, défenseure internationale des droits des femmes et spécialiste du genre. Avec 35 ans d’expérience de terrain, Cécile Bibiane Ndjebet débuta sa carrière professionnelle comme fonctionnaire camerounaise. En 1997, elle décide de rejoindre les organisations de la société civile, se consacre aux questions relatives aux droits des femmes et depuis ce jour, Cécile est très impliquée dans les processus forestiers nationaux, régionaux et internationaux, REDD+ et changement climatique.
En 2009, pour mettre en avant la participation directe et effective des femmes à la gestion des ressources naturelles en Afrique, Cécile, avec un groupe de défenseurs des droits des femmes africaines, a fondé le Réseau des femmes africaines pour la gestion communautaire des forêts (REFACOF) ; l’une des rares plateformes des femmes d’Afrique subsaharienne sur le secteur forestier, avec 20 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Elle est la cofondatrice de Cameroun Écologie, créée il y a 23 ans, acteur incontournable pour la lutte contre la pauvreté et celle de la durabilité environnementale, avec pour mission de soutenir les communautés rurales afin d’améliorer leurs conditions de vie et cela, via la gestion durable de l’environnement.
Son désir de défendre la nature et les femmes est né d’une profonde admiration pour la force de la femme et de la nature car, dit-elle : “J’ai pris conscience que les femmes luttaient énormément. Je souhaite prendre la défense de ces femmes rurales et améliorer leur vie.”
L’activiste camerounaise souligne le fait que le travail agricole est porté en majorité par les femmes et qu’en retour ces dernières n’ont aucun droit de propriété. Les femmes sont ainsi celles qui travaillent la terre et replantent les forêts, elles devraient par conséquent avoir des droits reconnus.
«Vous vous rendez compte, vous avez travaillé 20 ans, 30 ans avec une personne, vous avez exploité un espace. Et dès qu’il décède, on vous l’arrache parce que vous n’avez pas fait de garçon qui pourrait hériter de son père.».
Les récompenses
Reconnue pour son travail dans la réparation des dommages causés par l’abattage des forêts, le drainage des zones humides et la pollution des rivières, la promotion de la femme en milieu rural, Cécile Bibiane Ndjebet a reçu plusieurs prix.
Elle est championne du changement climatique de la commission Centrafricaine des forêts (COMIFAC). Elle a reçu le prix Wangari Maathai «Champions de la cause des forêts »2022 (6ème lauréate), le 5 mai lors du 15ème Congrès forestier mondial tenu à Séoul en République de Corée.
Cette année, elle est Prix annuel des Champions de la Terre de l’ONU « Inspiration et Action » (2022)
Cécile Ndjebet est la seule Africaine à avoir reçu ce prix. Une récompense annuelle des Champions de la Terre du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), la plus haute distinction environnementale des Nations Unies. Il récompense les individus et les organisations de nombreux domaines. Notamment les organismes de la société civile, les universités et le secteur privé qui ouvrent la voie à la protection de notre monde naturel.
Cécile Bibiane Ndjebet compte ainsi poursuivre ce grand combat qu’elle mène tout en laissant les traces de ses actions parler d’elles-mêmes partout dans le monde.
Anne Babeyaka
