La date du 25 novembre marque le début des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes.
Cette édition est placée sous le thème «Œuvrons ensemble pour mettre fin aux violences à l’égard des femmes et des filles».
Entre 2019 et 2020, plus de 130 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints et 60 % de femmes sont victimes de violences conjugales, selon les décomptes de la commission nationale des droits de l’homme et des libertés. Celles qui réussissent même à échapper à leur bourreau vivent au quotidien avec la peur au ventre et subissent un traumatisme à vie.
Des statistiques alarmantes dans une société où la répression des violences faites aux femmes est presque inexistante.
Les violences faites aux femmes sont multiples : les violences sexuelles, le mariage forcé, la prostitution, les mutilations sexuelles, les harcèlements, les outrages sexistes, les violences conjugales. Elles n’épargnent aucun rang social, aucune ethnie et aucune religion.
Quand les violences sont évoquées, il n’est pas seulement question des violences physiques, mais aussi des violences morales, psychologiques, sexuelles et économiques.
Les cas répertoriés par Griote
Depuis le début de l’année 2022, nous avons traité 48 cas de violences faites aux femmes.
Les féminicides
Nous avons travaillé sur 17 cas de féminicides, dans les différentes villes du Cameroun. Les derniers cas alarmants étant dans la ville de Dibombari dans le département du Moungo. D’ailleurs, le 17 novembre 2022, la dépouille d’une femme a été découverte dans la broussaille à Bomono Gare.
Selon nos sources, la jeune femme avait disparu la veille, son corps a été retrouvé, les mains ligotées dans le dos. Elle avait été visiblement violée. Dans les villages Bwadibo, Babenga, Bekoko, les femmes sont mortes dans les mêmes circonstances, souvent mutilées.
Toujours durant ce mois de novembre, une autre femme a été assassinée à Sangmelima, région du Sud, dans une auberge et certains de ses organes emportés. Ces cas viennent se rajouter aux 15 précédents que nous avons traités au mois de mai.
Les matricides
Des hommes qui mettent fin à la vie de leur maman, nous en avons enregistré deux. Le plus récent c’est un homme de 25 ans qui a décapité sa maman à l’aide d’une hache le 20 octobre dans le département du Ndé, la région de l’ouest.
Avant cela, au mois de mai, un jeune homme de 19 ans a ôté la vie à sa maman à coups de pioche. Certains affirment qu’il aurait d’ailleurs violé le corps de la défunte après le meurtre.
Les viols
S’agissant des cas de viol, le dernier en date est celui d’une femme de 41 ans, victime de viol collectif au quartier Bonaberi à Douala. Le corps de cette mère, de 4 enfants avait été retrouvé gisant dans une mare de sang au mois d’octobre. La dame regagnait son domicile après des travaux champêtres.
Toujours au mois d’octobre, une femme de 87 ans a été violée par un homme de 27 ans, à Monatelé, dans la région du centre. L’auteur de crime est présenté comme récidiviste du viol des femmes âgées.
Ces deux cas viennent s’ajouter aux 3 autres sur lesquels nous avons travaillés précédemment.
Les femmes battues
Le cas le plus récent est celui d’une femme qui accepté le mariage après deux années de concubinage. Depuis que le couple s’est marié, la dame est battue quotidiennement. Un autre cas qui a suscité l’indignation est celui d’un homme qui a battu sa femme parce que cette dernière a décidé de le quitter. Au quartier PK 17, Jean a annoncé avoir mis enceinte une autre femme, arguant qu’il va juste prendre soin de l’enfant et mettre un terme à cette relation extraconjugale. Sa compagne ayant décidé de le quitter a été copieusement battue.
Mais il faut aussi noter le cas de ces femmes qui, une fois la procédure contre leur conjoint engagé, décident d’abandonner l’affaire. Pour l’une des victimes, elle a peur d’être davantage battue par manque de force coercitive et pour l’autre, une voiture lui a été offerte pour qu’elle garde le silence.
A nos jours, nous avons répertorié 19 cas de femmes battues.
Une femme mise en gage
C’est l’histoire surréaliste du sieur Alain Mpeck qui a rédigé un courrier, mettant en gage sa concubine et ses 4 enfants afin d’obtenir un contrat de commercialisation du cacao auprès de Telcar Cocoa. L’affaire a créé un tollé sur la toile, l’homme a par la suite rédigé un courrier pour s’excuser auprès de l’entreprise sollicitée, sans toutefois démentir la mise en gage.
C’est ainsi que nous apprenons que sa concubine, enceinte de leur cinquième enfant est victime de violences régulières, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles.
La violence psychologique
Dans les deux cas que nous avons traités, il s’agissait de femmes qui dans leur ménage subissent injures, rejets, dédain. Elles ont d’ailleurs toutes les deux tenté de se suicider.
Le harcèlement en milieu professionnel
Romanie a été victime de harcèlement dans le milieu professionnel, toute chose qui l’a poussée à s’investir dans l’entrepreneuriat. Elle s’inspire de son expérience pour dire aux plus jeunes de garder la tête haute face à toutes les circonstances.
La cyberviolence
Enfin c’est une adolescente qui a fait l’objet de railleries de ses camarades pour avoir envoyé ses photos nues à son ex copain, en pensant qu’il s’agissait d’un européen qui voulait se mettre en couple avec elle. Ledit copain a créé un faux profil pour son stratagème.
En tout, 48 cas de violences faites aux femmes, une situation qui mérite un véritable plaidoyer.
Géraldine POKA/ Chantal MVENG
Très alarmant en effet. L’une des premières solutions aux violences faites aux femmes est de contrecarrer le discours populiste sur les violences faites aux hommes, car il empêche de lutter efficacement contre les VFF sous prétexte que les femmes sont aussi coupables de violences envers les hommes