Dans une publication sur sa page Facebook ce jour, l’humoriste camerounais engagé, Moustik Le Karismatik lance un #MeToo et invite des spécialistes à se joindre à lui pour aider les victimes de viol.

En quelques minutes, le post a récolté près de mille commentaires parmi lesquels de nombreux témoignages des victimes de viol.

Certaines ont trouvé l’occasion de rompre le silence.

« Aujourd’hui j’en parle comme-ci c’était une blague et pourtant c’est ma vie»

Mireille a été agressée, dépouillée et violée par des personnes qu’elle n’a jamais pu  identifier. C’était en janvier 2019.

«Tellement je me sentais sale !! C’est qu’ils m’avaient dépouillés chaussures, bijoux, argent liquide ils avaient même exigés mon mot de passe OM. Ils ont tout pris, m’ont violée et m’ont laissée là et il n’était que 21 h dans une rue sombre quelques personnes passaient et pensaient sûrement que je vendais le piment (professionnelle du sexe)»,

raconte Mireille.

Elle dit avoir fait de la prière son soutien et  Dieu l’a dotée d’un mental de fer.

«Parfois je fais des choses et je m’en fous de ce qui peut se passer après … »

Rose Darling vit avec l’amertume depuis l’âge de 12 ans. Elle et sa copine avaient été violées par leur enseignant et ses complices. Sa copine a rendu l’âme sur place ne pouvant pas supporter la douleur et le traumatisme. Elles avaient été violées un soir alors qu’elles allaient faire les cours de répétition. Empruntant un raccourci, elles ont été prises au piège tendu par leur répétiteur. C’est ainsi qu’elles vont subir un viol collectif et sa camarade va en mourir.

«Moi j’ai été violé à l’âge de 12 ans j’étais élève en 6^e… un gars m’a interpellée en me demandant où est-ce que je partais j’ai répondu que je partais pour des cours de répétition avec ma copine.  Il était tellement bizarre que j’ai demandé à ma copine de fuir moi aussi j’ai commencé à courir mais le gars n’était pas seul.  Son partenaire et lui nous ont arrêtées et nous ont amenées dans une maison en construction et là-bas se trouve mon professeur de mathématiques. Ils ont commencé à nous poser des questions et à la fin mon professeur à commencer à me violer puis le deuxième gars violait ma copine. Elle n’a pas pu supporter. Elle est morte sur place et moi j’ai perdu connaissance puis je me suis retrouvée à l’hôpital».

Rose n’a jamais pu surmonter cela.

«Je n’ai pas vraiment surmonter cela parce que ce crime m’a rendue quelqu’un d’autre.  C’est vrai je suis quelqu’un avec un très bon cœur mais parfois je me retrouve à faire du mal et je n’arrive même pas à m’aimer moi-même au point où je me néglige»,

témoigne-t-elle.

« Je me dis que cet homme m’a infligée une malédiction via son acte ma vie n’a jamais été rose » …

Chastel a été violée par son tuteur à l’âge de 8 ans. C’était en 2004 alors qu’elle vivait chez sa cousine mariée à son bourreau. Menacée de mort au cas où elle dénonçait, elle brise le silence 25 ans après. Elle a l’impression d’avoir été maudite à travers ce viol.

«J’ai honte de moi tellement de choses qui m’arrivent et je me dis que cet homme m’a infligée une malédiction via son acte ma vie n’a jamais été rose ni dans mon entourage ni à l’extérieur bref je suis celle-là qui est toujours humiliée celle-là qui est toujours bizarre bref celle sur qui tout s’écroule».

«Lorsque je lis juste une histoire semblable, ce sont les larmes qui coulent seules, même lorsque j’écris présentement je coule ces larmes … » 

Zitanelle ne le souhaite à personne. Elle n’a jamais su qui étaient ses bourreaux. Elle vit avec la douleur, la honte, un sentiment de culpabilité. Elle compte sur la justice divine.  Depuis ce jour-là, elle dit avoir peur.

«On a peur de tout le monde même de son propre père, tout le monde devient méchant à mes yeux, tout le monde paraît suspect, aucun courage de pouvoir regarder quelqu’un même en face. ça passe mais ce sont des choses qui ne s’oublient pas, le simple fait d’entendre parler de ça me replonge dans la scène, lorsque je lis juste une histoire se sont les larmes qui coulent seules, même lorsque j’écris présentement je coule ces larmes, je ne le souhaite à personne »,

affirme-t-elle.

Certaines victimes vivent avec un sentiment de vengeance et  souhaitent le pire à leur bourreau.

«J’ai tellement souffert et j’ai fait 1mois enfermée dans le noir et puis avec les prières et l’aide de mon entourage mais je pleure toujours et je souhaite le pire à ces deux personnes»,

déplore Line.

Dans les commentaires plusieurs sont revenus sur le cas de Christelle Mirabelle Lingom. La jeune femme cyberharcelée, droguée, violée et humiliée jusqu’à ce que mort s’en suive. Ses bourreaux bien qu’ils soient  connus n’ont jamais été inquiétés. Des personnes continuent de réclamer justice pour cette jeune femme de 25 ans, même à titre posthume.

 «Mirabelle LINGON a été victime d’un viol… Après avoir été diffamée par certains mécréants. L’affaire portée en justice n’a pas évoluée proportionnellement à la gravité des faits. Mirabelle n’a pas digéré le silence de certains, les moqueries de ces mécréants…elle est morte et a été enterrée samedi passé. Que justice soit rendue en sa mémoire »,

réclame Hardy save

Au Cameroun, 55% de femmes ont été victimes de violence physique depuis l’âge de 15 ans. Plus d’un tiers des femmes ont vécu des cas de viol et d’agression sexuelle, nous disent les chiffres des nations unies.

Dans les témoignages des victimes sous la publication de Moustik, humoriste connu pour son  sens de la sensibilisation envers la jeunesse, on note également ceux des hommes. Ces derniers disent avoir été sexuellement abusés par leur nounou, une tantine du quartier, une amie entre autres. Non sans laisser des séquelles.

«Quand ma copine m’a violé suis allé pour porter plainte on m’a mis en garde à vue après ma libération suis devenu soulard jusqu’aujourd’hui»

dénonce Raoul.

Les témoignages se multiplient et des spécialistes se prononcent pour accompagner l’initiative.

Rachèle KANOU