YAOUNDÉ : LES PROFESSIONNELS DES MEDIAS ADOPTENT UNE DECLARATION CONTRE LE DISCOURS DE HAINE

Douze, c’est le nombre de résolutions qui constituent l’ossature de la «déclaration de Yaoundé’’ contre les discours de haine dans l’univers médiatique camerounais.

Adoptée à la suite du forum des médias organisé à l’initiative du Rainforest center policy research, une plateforme de réflexion dont le but est de combattre la pauvreté en Afrique, la déclaration des leaders des médias contre le discours de haine est l’heureux aboutissement d’une journée de réflexion qui s’est tenue ce 28 avril 2023 à Yaoundé .

Autour de la table, plusieurs représentants d’organes de presse, de chaîne de télévision et des acteurs influents de la presse cybernétique, les représentants du ministère de la communication et du conseil national de la communication qui ont mis à contribution leur savoir et leurs expériences pour trouver la formule pouvant allier liberté d’expression et responsabilité sociale des médias dans la préservation de la paix sociale.

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Discours de haine dans les médias, le constat

Au-delà des clivages éditoriaux, les journalistes venus de plusieurs régions du Cameroun font le même constat : le champ lexical de la haine est omniprésent dans les interventions qui meublent les débats politiques et les publications diffusées dans les médias «quand il ne s’agit pas d’insultes, ce discours prend la forme d’un grossier tribalisme parfois assumé ‘’ déclare Ngala Desmond Ngala, l’un des organisateurs. ‘’La légèreté avec laquelle ces faits sont considérés résulte de notre éducation. Nous avons l’habitude de blaguer avec des expressions qui, à l’emploi peuvent paraître banales mais qui malheureusement, blessent aussi profondément ceux à qui ils sont adressés’’ explique t-il lors de son discours de bienvenue. Un avis partagé par Eugène Nforgwa, journaliste présent aux assises qui affirme également que la banalisation de certains éléments de langage qui finissent par devenir culturels est à l’origine de certains dérapages observés dans l’univers médiatique.

Pour Thierry Ndong promoteur d’une agence de communication et consultant, les catilinaires entendues et lues dans les médias sont à mettre sur le dos de la précarité de la formation des détenteurs du quatrième pouvoir. ‘’ les journalistes d’aujourd’hui ont très peu d’éthique et le manque de rigueur qui les caractérise est à déplorer ‘’ lance t-il désolé. ‘’À cela aussi, vous ajoutez le peu de moyens financiers dont disposent la majorité d’entre eux, vous obtenez le sombre tableau que nous avons aujourd’hui’’ enfonce t-il. Un constat amère qui frôle le dramatique quand on lui greffe la politisation sans cesse croissante des professionnels des médias tel que l’ont soulevé plusieurs panelistes.

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Sortir du discours de la haine

Le forum des leaders des médias a posé les jalons d’une pratique responsable du journalisme et des métiers de la communication dans le but de promouvoir la paix sociale et de présenter une meilleure image du Cameroun hors de nos frontières.

Pour les organisateurs et leurs partenaires, la première étape de cette noble bataille commence avec la lutte contre la propagation des fausses nouvelles. Une lutte qui, selon Corrina Fricke, ambassadrice de la République fédérale d’Allemagne présente aux assises, interpelle au premier chef les journalistes et les internautes avisés. « Depuis la dernière élection présidentielle, les Fake news foisonnent sur les réseaux sociaux et sont à l’origine de plusieurs écœurements qui peuvent dégénérer. Il faut faire quelque chose » nous confie Hélène Abomo, une participante.

L’arrimage effectif des médias classiques à l’usage professionnel et responsable des réseaux sociaux est aussi évoqué comme remède à la propagation de la haine dans les médias dits nouveaux. Cet argument est mis en avant par Jean Mathis, journaliste et community manager qui pense que le peu de pénétration des maisons de presse dans les réseaux sociaux laisse une marge trop importante aux blogueurs et autres influenceurs qui font un usage malsain d’internet dans un pays comme le Cameroun dont plus de 30% de la population est présente sur les réseaux sociaux.

En plus d’appeler à plus d’éthique dans le traitement des informations, au renforcement de la rigueur dans la censure des égarements haineux, les participants au forum ont émis le saint vœux d’un travail en synergie des professionnels en vue de bannir des rédactions toutes les personnes coupables de discours incitant à la haine. ‘’Nous devons pouvoir nous organiser pour que de tels individus disparaissent des écrans. Il est de notre responsabilité de le faire même sans attendre le conseil national de la communication’’ glisse Jean Mathis.

John MATOU

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