Patrice Ebemby Mboma voit un dysfonctionnement dans cette affaire l’opposant à Franck Derlin Eyono Ebanga.
L’administrateur civil dont l’arme a tué accidentellement ou volontairement Lydienne Taba ne serait pas dans une maison d’arrêt, plus de 2 mois après le drame. Ce dernier a été présenté au conseil de la famille, mais pour le papa de Lydienne, il s’agirait d’une mascarade. «Tous les délais de garde à vue sont dépassés. Je me pose la question de savoir, de quel statut il bénéficie à l’heure actuelle. Est-il prévenu ou est-il en liberté ?», question trouble à laquelle le papa en détresse n’a pas de réponse, pareil pour les avocats constitués pour la cause.
«On nous l’a montré mais rien ne dit qu’il est dans une maison d’arrêt, puisqu’on ne sait pas quelle disposition de loi encadre la situation actuelle. Si on se dit qu’il est en garde à vue, les délais ont largement expiré et maintenant à la légion ce n’est pas une maison d’arrêt. Il y a un sérieux problème», déplore Me Guy Moteng, membre du collectif « Universal lawyers and human rights defense », qui défend les intérêts de la famille.
Lydienne
L’avocat affirme que la procédure engagée n’est pas en train de suivre son cours normal, ou mieux, elle est biaisée. «Il y a deux semaines notre collectif était à Ebolowa et on nous l’a présenté à la légion comme s’il y séjournait. Il ne devrait plus être à la légion parce que le délai de garde à vue est longuement passé. L’enfant a été tué le 25 juillet, parlant encore de quelqu’un qui séjourne à la légion, cela ne correspond à aucune procédure prévue par le code pénal», insiste Me Guy Olivier Moteng.
Pire encore, vendredi dernier était jour prévu pour les auditions des témoins et autres personnes. Les avocats se sont déplacés de Douala pour Ebolowa selon le rendez-vous donné par l’enquêteur. Seulement, ils ne seront pas reçus. Motif : ils n’ont pas respecté le jour du rendez-vous.
«Depuis que nous avons déposé la plainte au compte de la famille, aucune personne la représentant n’a été entendue, or cela devrait se faire. La légion a donné un rendez-vous, nous nous sommes déportés de Douala pour Ebolowa et une fois arrivés vendredi dernier, on s’est laissé dire par l’enquêteur qu’il nous attendait plutôt la veille et que le dossier a déjà été transmis au commissaire du gouvernement», explique l’avocat.
Franck Derlin Eyono Ebanga
Ce sont ces différentes tournures qui inquiètent le papa de Lydienne Solange Taba. En se tournant vers le chef de l’Etat, il voudrait que justice soit rendue sur la mort brutale de son unique enfant. «Le chef de l’Etat est un père de famille. Qu’il se mette un peu à ma place. Perdre sa fille parce que, quelqu’un manipulait une arme dans une chambre et que la procédure soit biaisée comme elle a l’air d’être. Il doit être humaniste, c’est pour cette raison que je l’interpelle».
Dans une lettre adressée au président de la république, datant du 28 septembre 2020, Patrice Ebemby Mboma dénonce des irrégularités observées dans la procédure judiciaire contre l’ex sous-préfet de la Lokoundjé. «C’est avec dépit et surprise que nous vous saisissons par cette lettre, pour vous faire cas des attitudes curieuses qui ont cours dans le déroulement de l’enquête en rapport avec la mort par arme à feu de notre fille», a-t-il écrit, en énumérant ces irrégularités.
Comptant sur son humanisme, il s’en remet au chef de l’Etat, président du Conseil supérieur de la magistrature. «Excellence Monsieur le Président de la République, de vous seul dépend la suite de cette affaire et nous nous en remettons totalement à votre haute autorité», conclut-il.
Rappelons que Franck Derlin Eyono Ebanga a récemment été appelé à d’autres fonctions par décret présidentiel. Une décision du chef de l’Etat, qui inquiète la famille de Lydienne, tuée à bout portant par cet administrateur civil à sa résidence. Cette famille reste troublée et se demande jusqu’où ira cette affaire, d’où la lettre ouverte au chef de l’Etat.
Rachèle KANOU