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JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA PAIX : BESOIN CRUCIAL D’UN RETOUR AU CALME DANS LES RÉGIONS ANGLOPHONES DU CAMEROUN

D’après les Nations-Unies, 81 % des enfants n’ont pas été scolarisés pendant l’année scolaire 2019-2020 à cause de la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

Les femmes et les enfants qui sont les premières victimes de ce conflit qui perdure dans les régions anglophones du Cameroun depuis 5 ans, ne cessent de réclamer le retour de la paix.

«Je veux que la paix revienne chez nous pour que je puisse retrouver la tranquillité. Même si étant ici à Douala, il y a quand même les personnes de bonne foi qui nous aident de temps en temps, tout ce que je veux c’est vivre en paix là où je suis née»,

a déclaré Joyce, élève en classe de form 4 au Lycée bilingue de Bepanda à Douala.

Elle dit avoir perdu deux années de classe.  Comme elle, plusieurs autres enfants et même les femmes nourrissent l’espoir de retrouver la tranquillité dans leur vie et revendiquent la fin des conflits.

«Ce n’est pas facile de retrouver la vie normale étant loin des siens et on ne sait même où les autres se sont réfugiés. Je pense s’il y a retour de la paix, tellement de choses vont changer et on pourra être tranquille»,

déclare Virginie déplacée interne dans la ville de Douala.

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manifestations de femmes lors de la journée de deuil national suite au massacre de kumba

5ans que cette crise dure

Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun sont en proie depuis 5 ans, à un sanglant conflit entre des groupes armés qui réclament l’indépendance des deux régions et les forces de défense camerounaises. Les femmes et les enfants payent le prix fort de ce conflit qui perdure.

Des attaques incessantes

L’actualité qui défraie la chronique relative à cette crise ces deux dernières semaines est celle qui plonge les familles dans la désolation.  Au moins dix militaires camerounais ont été tués dans une nouvelle attaque perpétrée le 16 septembre 2021 par des séparatistes anglophones dans le Nord-Ouest du Cameroun.

En effet, des éléments des bandes armées ont attaqué un convoi de l’armée sur l’axe routier entre Bamessing et Sabga dans l’arrondissement de Ndop dans le Nord-Ouest, laissant une dizaine de morts sur le carreau. Cette attaque intervient cinq jours après l’embuscade qui a coûté la vie à sept soldats dans la localité de Kumbo région du Nord-Ouest.

A la fin du mois d’août, une femme a perdu la vie dans une église à Bali, lors d’échange de tirs.

Des femmes manifestent en vain pour le retour de la paix

Malgré les multiples appels au retour de la paix par des femmes avec l’aide des organisations nationales et internationales, cette guerre perdure.

L’on se souvient par exemple de plusieurs centaines de femmes qui se sont rassemblées le 7 septembre 2018 dans la ville de Bamenda, pour protester contre les violations dont elles sont victimes, ainsi que leur mari et leurs enfants.  En mai 2019 lors de la première visite du premier ministre Joseph Dion Ngute à Bamenda, plusieurs autres centaines de femmes ont fait un sit-in pancartes en mains pour exiger le retour de la paix. On ne peut observer le flot de larmes versées par des femmes à chacune des attaques meurtrières et d’autres exactions.

Les femmes et les enfants  les plus vulnérables en situation de guerre

Il faut dire que la recrudescence des hostilités a accentué la vulnérabilité préexistante des femmes, des filles et des enfants des régions anglophones du Cameroun.

Dans la région du Sud-Ouest, des villages entiers ont été incendiés, laissant la population locale extrêmement démunie face au besoin de logement et de sécurité. La plupart des personnes déplacées à l’intérieur du pays ont quitté leur maison pour se réfugier dans la brousse avoisinante ou dans d’autres zones plus sûres du pays.

Dans certains cas, les femmes sont abandonnées par leur mari, parti rejoindre les sécessionnistes. C’est pourquoi environ 68 % des personnes déplacées au Cameroun sont des femmes. Il a été signalé par ailleurs que certains groupes séparatistes armés forçaient les jeunes filles à quitter leur famille et à rejoindre leurs rangs pour préparer les repas et effectuer d’autres tâches ménagères. Soulignait l’ONG WILPF Cameroun.

Même le grand dialogue tenu du 30 septembre au 04 octobre 2019 n’a pas apporté de sollution définitive à la crise.

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La destruction des édifices publics

La destruction des écoles, des hôpitaux et de villages entiers compromet fortement les perspectives éducatives de toute une génération de jeunes gens. Les filles qui ne peuvent pas aller à l’école sont particulièrement en danger, car elles sont plus exposées aux grossesses précoces, aux accouchements difficiles dus à leur jeune âge. Dans ces régions, les femmes enceintes ou allaitantes n’ont actuellement pas accès aux services de santé élémentaires et sont exposées à des maladies.

Rapport 2021 des attaques de la crise anglophone

Selon l’ONG Woman Rigth Watch, tout au long de l’année 2020, les groupes armés et les forces gouvernementales ont commis des atteintes aux droits humains généralisées, y compris des exécutions extrajudiciaires ou sommaires et des massacres à travers les régions anglophones du Cameroun.

Depuis 2017, des séparatistes imposent avec violence un boycott de l’éducation des enfants.

Le 24 octobre 2020, des hommes armés ont attaqué une école à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, tuant 7 enfants et en blessant 13 autres. Dernièrement l’on annonçait la condamnation à mort de 4 jeunes homme jugés coupables de cette attaque meurtrière. De nombres femmes avaient manifesté contre cette attaque de trop contre les enfants.

La violence a provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes cette dernière année, qui s’ajoutent aux centaines de milliers d’autres qui ont fui leurs foyers depuis le début des conflits.

Le 14 février 2020, des groupes armés ont tué 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte, à Ngarbuh, dans la région du Nord-Ouest.

Tous les efforts consentis jusqu’ici pour ramener la paix dans les régions anglophones seraient vaines. Les exactions y perdurent au grand désarroi des femmes et des enfants qui sont les premières victimes de ce conflit.

Rachèle KANOU

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