Elle prend les rênes d’un département stratégique dans un contexte de défis multidimensionnels.
Agée de 51 ans, Oulimata Sarr occupe depuis le 18 septembre 2022, le fauteuil du chef du département ministériel de l’économie, du plan et de la coopération du Sénégal. La cérémonie de passation de service s’est tenue le vendredi 23 septembre, elle remplace Amadou Hott.
Première femme ministre de l’économie, du plan et de la coopération au Sénégal, cette financière formée aux écoles canadiennes et britanniques, devient ainsi la première femme de l’histoire de ce pays à occuper cette fonction stratégique. Elle est à la base une spécialiste des chiffres qui a brillé au sein des organisations internationales.
Oulimata Sarr est connue pour son engagement en faveur de la cause féminine
Du fait de son expérience dans la finance, elle œuvre notamment en vue du leadership et de l’entrepreneuriat féminin sur le continent, la prise en compte du genre dans la budgétisation des gouvernements africains, entre autres. Avec son équipe, elle aide les gouvernements à adopter les normes internationales pour l’atteinte de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en collaboration avec les ONG et les bailleurs de fonds. Connue pour son engagement en faveur de la cause féminine ces dernières années, elle était encore, il y a quelques semaines, directrice régionale Afrique de l’Ouest et Centrale d’ONU-Femmes, couvrant 24 pays.
Elle a régulièrement plaidé auprès des gouvernements pour l’amélioration de la représentativité des femmes en leur sein. Lors de sa visite en Côte d’Ivoire en mai dernier, elle demandait aux autorités de travailler davantage à la formation des gouvernements paritaires, les invitant à laisser émerger le leadership féminin dans le monde politique.
Un parcours professionnel brillant mais teinté de marginalisation
Oulimata a été confrontée aux difficultés liées au genre. Après ses études de finance à HEC Montréal, la jeune diplômée sénégalaise rentre à Dakar, sa ville natale, où elle rejoint la filiale locale du Big Four d’audit financier et de conseil Ernst & Young (EY).
«Je me souviens quand j’étais plus jeune, auditeur dans un cabinet très connu, je suis chef de mission, j’ai 25 ans et j’arrive dans une salle et tout le monde est convaincu que je ne peux pas être la cheffe. Les personnes s’adressent à mes collaborateurs qui, très gênés me regardent»,
raconte-t-elle sur BBC
Oulimata Sarr saisit une opportunité en 1996 à Johannesburg en Afrique du Sud, à la compagnie aérienne Interair où elle officie pendant près de neuf ans en qualité de directrice financière. Elle rejoint ensuite la société financière internationale (IFC), la filiale du groupe de la banque mondiale dédiée au secteur privé. Elle obtient un master en administration des affaires de l’université du Bedforshire, 10 ans après. Elle a également travaillé au bureau de Bujumbura, au Burundi, puis à Nairobi, au Kenya.
Quelques mois après son arrivée dans la capitale kenyane, Oulimata Sarr postule au poste régional de directrice d’ONU-Femmes et est retenue. «Mon fil conducteur a toujours été la finance», confie-t-elle, soulignant que ses premières missions chez ONU-Femmes étaient plus d’ordre économique et financière qu’autre chose, en lien avec l’autonomisation des femmes par l’entrepreneuriat, les questions protection sociale, de chaînes de valeur.
Mariée et mère de deux enfants
Cette femme forte, à l’allure élégante et soignée, aime arborer les créations originales des jeunes femmes stylistes de son pays, qu’elle défend et accompagne. Issue d’une fratrie de trois enfants, du côté de sa mère, Oulimata Sarr, sans répit et toujours avec le sourire, est une fervente défenseuse du genre. Un travail qu’elle mène avec passion.
Dynamique, engagée, passionnée et compétente, elle relèvera certainement ce nouveau challenge en tant que patronne de l’économie
Oulimata Sarr prend les rênes du ministère de l’économie du Sénégal à un moment critique où le pays tente de se remettre de la faillite causée par la Covid-19. Elle doit dealer avec les effets collatéraux de la guerre en Ukraine qui chamboule les chaînes d’approvisionnement, le tout dans un contexte où l’inflation gagne le marché.
Rachèle KANOU