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AU TRIBUNAL : L’AFFAIRE CHRISTELLE MIRABELLE LINGOM SUIT SON COURS AU PARQUET DE DOUALA-NDOKOTI

Clotaire Nguedjo et Jean Louis Batoum étaient au tribunal mercredi et leurs compères étaient convoqués jeudi au commissariat central numéro 2 de Logbaba.

Il s’agit des 4 personnes mises en cause dans l’affaire de cyberharcèlement ayant conduit à la mort de Christelle Mirabelle Lingom, décédée le 6 septembre 2021. La justice est à leur trousse depuis le 1er novembre dernier.

Clotaire Nguedjo a été cueilli le 1er novembre 2021 par les éléments de la brigade de gendarmerie de Ndogbat et le 3 novembre c’était au tour de l’arrestation de Jean Louis Batoum. Les autres protagonistes sont attendus, ils seraient en fuite.

Tous cadres du Parti Camerounais de la Réconcilaitaion Nationale, le PCRN, un parti politique de l’opposition au Cameroun, ils sont cités dans l’affaire du cyberharcèlement de la jeune femme de 25 ans, décédée après avoir subi menaces et humiliations.

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Au tribunal

Il est environ 10h le 4 novembre 2021, lorsque les deux mis en cause arrivent au tribunal de Ndokoti, dans un véhicule de la gendarmerie. Vêtu d’un pantalon jeans avec une chemise bleue, Clotaire Nguedjo sort de la petite voiture l’air sérein, il est suivi de son camarade Jean Louis Batoum arborant quant à lui, un pantalon en tissu et un polo assorti de motifs de couleur violette. Ils saluent leurs connaissances au passage. En compagnie de deux éléments de la brigade de Ndogbat où ils ont passé la nuit, ils se sont d’abord rendus dans le bureau du procureur, avant d’être conduits quelques minutes après dans les cellules du parquet.

Ils vont y passer toute la journée pendant que nous montons la garde dans le seul but de savoir s’ils vont être libérés ou envoyés à la prison centrale de Douala à New Bell. Plusieurs militants du PCRN sont présents dans la grande cour du tribunal, leurs avocats aussi.

Nous attendons le verdict à 16h30 comme prévu par le procureur. Des heures s’écoulent après ce temps prévu, rien ne se dessine. Tout est calme dans cette affaire. Les délibérations des autres affaires se poursuivent devant les cellules du parquet, les uns sont envoyés à la prison transportés dans un camion, certains retournent dans les brigades et commissariats via des taxis de ville et d’autres sont mis en liberté. Les cellules du tribunal se vident, mais nous n’avons aucune nouvelle des cas qui retiennent notre attention.

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Il est 21h et 45 minutes lorsque nous accostons un gardien de prison. Il nous renseigne que Clotaire Nguedjo et Jean Louis Batoum seraient retournés au commissariat central numéro 2 de logbaba. Notons que c’est là-bas que la première plainte de Mirabelle avait été déposée lorsqu’elle était encore en vie. Quinze minutes plus tard, l’une des avocates de ces mis en cause va subitement sortir de la barrière du tribunal, accompagnée de la cohorte des personnes venues en soutien à ces derniers, nous verrons des gens partir en trombe. L’un va lancer au passage et l’air joyeux «les talibans pensent qu’ils sont très sages». Nous apprendrons ainsi que les deux hommes ont été exfiltrés.

La hargne de rendre justice pour sa sœur

Le frère aîné de Mirabelle, accompagné de deux activistes pour la cause féminine continuent de monter la garde. Le dernier taxi va sortir avec les dernières personnes qui étaient en cellule.  Aucune idée de comment sont sortis Jean Louis Batoum et Clotaire Nguedjo, il est alors 22H15.

Photo prise devant le tribunal de ndokotti le 4 novembre à 22h

«J’ai passé tout le temps ici les yeux fixés sur les portes de la cellule. Je ne les ai pas vus sortir de là. Certainement ils sont partis avec le camion pour la prison»,

tente de se rassurer René Ngue le frère de Christelle Mirabelle Lingom, il est 22h20 au parquet de Douala-Ndokoti.

Cette même nuit, René va se rendre à la brigade de Ndogbat puis au commissariat central numéro 2 de logbaba. Ici une enquêtrice va le rassurer de ce que Jean Louis Batoum et Clotaire Nguedjo se trouvent dans leurs cellules. FAUX ! il n’en est rien. Les deux sont libres. Les images des mis en causes dans la mouvance de la libération, commencent à circuler sur les réseaux sociaux. Le lendemain, la porte-parole de Cabral Libii, président du PCRN publie un seul mot sur son compte, OK. Comme pour annoncer une approbation. Plus de doute, les deux respirent l’air de la liberté.

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Anne feconde Noah, porte parole de Cabral Libii

Un communiqué aux allures déconcertantes

Notons que Anne Féconde Noah dans ses récentes sorties, soutient ses camarades mis en cause dans cette affaire ayant conduit à la mort d’une jeune femme à la fleur de l’âge. Arguant qu’il n’y a jamais eu de diffamation mais qu’il s’agissait d’une erreur. Soulignons qu’il n’y a eu de sortie ni avant ni après la mort de Mirabelle jusqu’à ce que ces deux membres de leur parti soient interpellés.

«En effet, comme vous l’aurez constaté, nos camarades les nommés : Batoum Jean Louis, Messey Fritz Frantz, Clotaire NGUEDJO et Louis Bapès, notre parti et son président font l’objet depuis des mois d’un acharnement et harcèlement des personnes se réclamant proches du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, sous prétexte de demander justice pour la regrettée Mirablelle LINGOM.

Ils vont jusqu’à porter à la légère des accusations d’une extrême gravité comme le viol et l’assassinat de cette jeune dame. Sans pour autant y apporter le moindre contenu, et encore moins un commencement de preuve »,

lit-on dans le communiqué.

L’affaire va suivre son cours au tribunal de Douala-Ndokoti. Un collectif d’avocats s’est formé pour défendre Mirabelle soit Me Dominique Fousse et Me Yannick Djemeni. Ils étaient présents ce lundi 8 novembre au tribunal. Cabral Libii y était également en compagnie de leur conseil. Les deux mis en cause sont partis de leur domicile pour le parquet. Et cette fois, ils n’ont été  introduits dans les cellules.

Après cette rencontre avec le procureur, la première audience s’est tenue le mercredi 10 novembre et la prochaine est prévue le 14 décembre 2021.

Mirabelle de son vivant avec son frère aîné et Gerard Kuissu 

Le début de l’histoire

Pendant que l’affaire de mœurs de Malicka Bayemi bat son plein, certains veulent détourner l’attention de l’opinion sur le sujet, ainsi ces mis en cause ont inventé de toutes pièces une histoire impliquant une jeune femme sans force, étant orpheline de père et s’occupant elle-même de sa maman malade. Ils ont profité de la diffusion d’une sextape de l’influenceur Paul Chouta pour désigner Christelle comme étant sa victime.

Christelle Mirabelle  est ainsi injustement accusée de figurer dans cette sextape. Après son démenti, elle est insultée, violée et victime de menaces jusqu’à ce que mort s’en suive. Le 25 septembre 2021, elle retourne à la terre de ses ancêtres après une mise en bière teintée de réclamations et d’appel à la justice. Ce jour-là, le procureur du parquet de Ndokoti promet de prendre en main ce dossier.

Chronologie des faits

Début juin 2021 : Christelle Mirabelle Lingom est accusée injustement de figurer dans une sextape avec l’influenceur Paul Chouta. Plusieurs publications des militants du Parti Camerounais  de la Réconciliation Nationale l’ont clairement indexée, l’invitant à déposer une plainte contre son bourreau. Les mots d’une extrême laideur sont utilisés contre elle.

28 juin : Christelle Mirabelle fait une sortie pour dénoncer cette situation en prenant le soin de préciser qu’elle n’est en rien concernée par la sextape. Ainsi commence son véritable cauchemar, les menaces et railleries à son endroit se multiplient.

10 juillet : elle est droguée et violée par des inconnus alors qu’elle revient de son lieu de service.

02 août : Une plainte est déposée par le collectif d’avocats de Christelle Mirabelle Lingom auprès du procureur de la république près le tribunal de première instance de Ndokoti contre Julien Bapes, Jean Louis Batoum, Fritz Messey et Clotaire Nguedjo pour injures, diffamation, atteinte à la vie privée, propagation de fausses nouvelles et viol.

06 septembre : Mirabelle décède des suites de courte maladie.

1er et 3 novembre : Clotaire Nguedjo et Jean Louis Batoum, sont respectivement interpellés à ces dates, tandis que leurs compères sont introuvables. Ils sont poursuivis en flagrant délit.

10 novembre: première audience, les prévenus Clotaire Nguedjo et Jean Louis Batoum comparaissent libres.

Rachèle KANOU

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1 Comment

  1. Les Choses de ce pays.

    Le fait est de savoir à qui profite toute cette agitation. Et puis ça va (un peu trop) vite. Quand on connais la lenteur avec laquelle sont géré certaines affaires dans ce pays.

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