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2021 : LE BILAN FEMININ DE L’ANNEE PAR GRIOTE

Une année  de soubresauts vient de s’achever, la rationalité utilitaire de Griote a été mise à rude épreuve, face aux  actes de violences faites aux femmes et aux filles.

Une année de cyberviolence à l’endroit des femmes

Les douze derniers mois nous ont permis de vivre des situations inédites de cruauté et de méchanceté à l’égard des femmes, une année durant laquelle la violence cybernétique a pris de l’ampleur. D’ailleurs nous avons choisi de la baptiser ANNEE CHRISTELLE MIRABELLE LINGOM, du nom d’une jeune femme de 25 ans, sans histoire, victime de cyberharcèlement jusqu’à ce que mort s’en suive.

www.griote.tvChristelle Mirabelle Lingom

Au mois de juin 2021, Christelle Mirabelle avait été faussement accusée de figurer dans une sextape par des individus, membres du Parti Camerounais de la Réconciliation Nationale. Après son démenti, elle avait été injuriée, humiliée et pourchassée dans la rue, des menaces de mort lui avaient été adressées avant qu’elle ne soit violée. A la suite de ce viol, la jeune femme avait perdu goût à la vie et les principaux auteurs présumés des publications la concernant ont déposé une plainte contre elle. Christelle Mirabelle Lingom est décédée le  06 septembre 2021, laissant derrière elle, une affaire pendante devant la justice. Seulement aujourd’hui, c’est l’omerta autour de cette actualité qui a fait grand bruit.

Un vacarme aussi retentissant que celui de l’hypermédiatisation de l’affaire Malicka Bayemi, étroitement liée à celle de Christelle Mirabelle. Car pendant que l’histoire de Malicka bat son plein, certains veulent détourner l’attention de l’opinion sur le sujet, ainsi ont-il inventé de toutes pièces un récit impliquant Mirabelle.

De quoi s’agit-il exactement ?

Le 16 juin 2021, une sextape dans laquelle figure Malicka Bayemi, une jeune femme également âgée de 25 ans, se retrouve sur le cyberespace. Dans les images indécentes et dégradantes, Malicka est nue avec son postérieur découvert, elle fait une fellation. Seulement, la vidéo présente son visage, tout en éludant celui des deux hommes qui l’accompagnent.

Tout de suite naît une indignation collective, les images  filmées dans le bureau de Martin Camus Mimb font le tour des médias sociaux et le journaliste dénie connaître le couple. Cependant, il est accusé de prédation sexuelle par plusieurs femmes qui lui imputent des actes d’attouchements et autres attitudes impudiques et misogynes. Finalement Martin fera son méa culpa le 25 juin 2021, présentant au passage ses excuses à Malicka ainsi qu’à toutes les femmes choquées par cette triste affaire de mœurs.

Avant cela, Wilfrid Eteki son co-accusé a fait une sortie nocturne pour présenter ses excuses, mais la communication a aussitôt disparu, entrainant une levée de boucliers. Une citation directe du collectif des avocats de Malicka est déposée au tribunal de première instance de Douala-Bonanjo  et le 16 juillet, Martin Camus Mimb et Wilfrid Eteki sont écroués à la prison centrale de Douala. Le journaliste sera libéré le 16 novembre et son co-accusé reste en prison. L’affaire n’est pas encore terminée.

Autre fait sans précédent qui nous  aura marqués l’année dernière, la mise en détention de Tenor, poursuivi pour homicide involontaire.  Le 15 juillet 2021, l’artiste conduisait un véhicule avec à bord Erica Nfiya Mouliom, une jeune étudiante de 19 ans, qui est décédée sur le coup après un accident. Le 30 juillet, Tenor est placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Douala tandis que le père de la défunte crie à l’assassinat. Puis le 27 septembre, il est mis en liberté provisoire. Désormais il comparaît libre.

www.griote.tvLydienne Solange Taba et Franck Derlin Eyono

Féminicide et justice à deux vitesses

Cette année encore nous avons suivi de près la non-évolution de l’affaire Lydienne Solange Taba, la jeune étudiante tuée dans la nuit du 26 au 27 août 2020 par l’arme de Franck Derlin Eyono Ebanga, ex sous-préfet  de la Lokoundje. Un an après les faits, aucune suite n’est réservée à cette affaire et le père de la victime continue de réclamer justice. Or face à cette situation impliquant un gros bonnet, un autre cas de féminicide a été enregistré et l’auteur de ce crime a été aussitôt écroué à la prison centrale de Douala.

C’est l’histoire de Christelle Wette poignardée à mort par son compagnon qui n’a pas accepté qu’elle le quitte après avoir encaissé plusieurs années de violences  conjugales. L’ayant suivie le 29 octobre, Raoul Tsafack a poignardé la jeune femme de 24 ans avec le couteau de cuisine qu’elle utilisait pour son activité de braiseuse de poisson.

Au-delà de ces faits majeurs, nous avons été ballotés durant les douze derniers mois  entre les sextapes dans les établissements scolaires, le désastre terrifiant du porte-monnaie magique au sein de la jeunesse et des cas de violence à l’égard des hommes. En tout 35 cas de violences  basées sur le genre au Cameroun traités par Griote.

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A l’étranger, la simulation d’un acte de viol en direct à la Nouvelle Chaîne Ivoirienne a choqué les consciences et entraîné un tollé général. L’initiative était celle de l’animateur vedette Yves de Mbella qui a invité sur son plateau un «ancien violeur» pour qu’il démontre comment il s’y prenait avec les victimes. L’animateur a été suspendu d’antenne et le «violeur repenti» est retourné en prison.

Les femmes et les enfants continuent de payer le lourd tribut de la crise anglophone

Déja cinq que durent les tensions dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec interdiction de reprise des cours par des groupes armés. Cette année en particulier, des enfants ont été tués sur le chemin de l’école.

C’est le cas de Carolouise Enondiale, 7 ans, tuée à Buéa par le tir d’un gendarme sur le véhicule dans lequel elle se trouvait au mois d’octobre, suivi au mois de novembre par le décès de Tataw Brandi, 7ans, atteinte mortellement par le tir d’un policier. Et comment ne pas évoquer le cas des trois élèves et une enseignante tués au lycée bilingue d’Ekondo Titi dans le Sud-Ouest le 24 novembre 2021? Des morts qui viennent se rajouter au bilan deja lourd des victimes de la crise anglophone.

Au sujet de la situation des femmes dans la sphère du pouvoir

Cette année a été marquée par un statu quo malgré quelques nominations et élections. Mais des unités de combattantes sont à pied d’œuvre afin qu’une progression soit observée dans la représentativité des femmes dans les fonctions intégrées, c’est aussi cela le message qu’a transmis Kamala Harris, Vice-Présidente des Etats-Unis lors de son investiture et c’est également le cas pour Samia Hassan Saluhu, la Présidente par intérim de la Tanzanie.

www.griote.tvClarence Yongo et Rachèle Kanou

Nous avons reçu le Prix Seshat

Notre travail a été congratulé cette année par le PRIX SESHAT du courage féminin dans le journalisme au Cameroun, un appel à plus d’investigation sur les sujets sensibles au genre. C’est la raison pour laquelle malgré les menaces que nous avons subies, nous charbonnerons encore plus ardemment pour présenter le visage hideux des violences faites aux femmes.

Bonne et heureuse année 2022.

Clarence Yongo / CEO de Griote

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